Adopter la liberté conforme à la nature de l'enfant

Laisser libre l'enfant, c'est pour Decroly, ‘« lui permettre de manifester ses tendances favorables, le laisser libre de bien faire »’ et ‘« l'aider à découvrir le monde »’ 190. L'éducateur aura à organiser le cadre naturel, son milieu de vie. Si la liberté doit permettre à l'enfant de lui laisser manifester ses tendances spontanées, autant dire sa nature particulière, l'éducateur se retrouve devant le difficile problème de décider du degré de liberté à lui accorder. Il importe alors de bien connaître le "type" de l'enfant, c'est ce qui permettra d'en juger. Des règles générales et applicables à tous les enfants sont impossibles à établir (et ce problème n'est pas aussi simple que les philosophes le croient...). Il faut concilier deux tendances extrêmes : ‘« la liberté dans la limite où elle n'entrave pas la sécurité et la liberté des autres »’ et ‘« la liberté dans la limite où elle ne peut pas entraîner des inconvénients sérieux présents et à venir pour l'enfant lui-même »’ 191. En un mot, une liberté respectueuse. Decroly exprime ainsi sa conception différentielle de la liberté qui rejoint à la fois la théorie des types psychologiques de Ferrière et la conception de nécessaires limitations d'Elisabeth Rotten. La seule solution demeure du domaine de la psychologie, celle ‘« d'étudier l'enfant afin de le connaître et de distinguer ses particularités »’ 192 pour décider ensuite de la liberté à lui accorder. Ainsi le cas des enfants difficiles dont certains types ne permettent aucune liberté montre bien que ‘« chaque enfant a besoin d'être traité individuellement »’ 193.

Notes
190.

« La liberté et l'éducation », art. cit., p. 186.

191.

Id., p. 190.

192.

Ibid.

193.

O. Decroly, « Les enfants difficiles », P.E.N., n°31, septembre-octobre 1927, p. 211.