Organiser la liberté

Traiter l'enfant individuellement, pour les représentants de la Progressive Education 194, cela ne suffit pas à produire la liberté. Les nombreux américains présents à Locarno ont souvent en commun une vue rationaliste et même "économiste" de l'éducation : ‘« Le but de l'éducation est d'obtenir le maximum de croissance avec le minimum de dépense »’ 195, dira Rugg196. Tout doit se faire dans le sens d'une meilleure efficacité de l'éducation. Et pour y parvenir, selon Washburne197, il ne suffit pas de libérer des individus, il faut introduire à l'école « une belle organisation »198 dont le caractère premier est d'être sociale. Les activités doivent être organisées avec la coopération des enfants eux-mêmes, ainsi ‘« en même temps que la faculté créatrice et l'affirmation du moi, un sens profond d'unité sociale »’ 199 peut se développer. Car le grand risque d'une liberté mal comprise est dans l'individualisme. La rigueur d'une organisation ne s'oppose pas à la liberté, elles sont au contraire solidaires. C'est en réalité l'organisation qui rend la liberté possible, car l'organisation sociale à l'école, signe d'une éducation en vue de la liberté, est là non pour elle-même mais pour faire naître le sens de la responsabilité sociale et en même temps encourager l'originalité en chaque individu. Unifier et diversifier.

Notes
194.

Homologue américain du mouvement d'Education nouvelle européen.

195.

« Comment libérer les programmes », P.E.N., n°31, septembre-octobre 1927, p. 196.

196.

Psychologue de l'éducation au Collège des Maîtres de l'Ecole de Lincoln à New-York.

197.

Directeur des Ecoles de Winnetka.

198.

« La liberté par la maîtrise de soi », P.E.N., n°31, septembre-octobre 1927, p. 199.

199.

Ibid.