Chapitre V
Elseneur en 1929. La psychologie nouvelle et les programmes scolaires

‘« L'unanimité des quelque deux cent cinquante orateurs de ce congrès a été impressionnante »’ 217, Ferrière fait le bilan d'un congrès qui se veut celui de l'unité et de la science, celui de l'unité parce que celui de la science au service de l'éducation.

Le programme du congrès d'Elseneur précise sous son intitulé qu'il sera spécialement consacré à ‘« l'étude des applications pratiques dans les écoles de tous les pays, des principes philosophiques et psychologiques dont s'inspirent les méthodes nouvelles d'éducation »’ 218. L'idée constamment défendue par la Ligue depuis ses débuts est ici à nouveau évoquée : universaliser les méthodes et les principes de l'Education nouvelle. Universaliser, à Elseneur, cela signifie deux choses, d'une part étendre le mouvement à toutes les écoles, et d'autre part, justifier ses principes par la science, et surtout par le langage universel de la raison. Car c'est du fondement scientifique de l'éducation par l'usage d'un langage rationnel dont dépend la diffusion de l'Education nouvelle et non l'inverse. Et si, selon un consensus de départ, les apports de la psychologie et de la philosophie doivent être utilisés pour adapter les programmes aux différents tempéraments et mentalités des enfants, c'est aussi dans un but d'universalisation.

A Elseneur, la Ligue se donne les moyens à la mesure de son importance grandissante : plus de deux cent cinquante allocutions seront prononcées par près de deux cents intervenants pendant les quatorze jours que dura ce congrès... On comprend qu'un langage commun, sinon universel, devienne pour la Ligue un besoin "vital" si elle veut préserver l'unité de son mouvement.

Notes
217.

« Chronique du congrès », P.E.N., n°51, octobre 1929, p. 226.

218.

Documents d'annonce et d'inscription au congrès d'Elseneur, tiré à part, Genève, Archives Institut Jean-Jacques Rousseau.