La pluralité n'est pas un problème

Ainsi, dans son discours d'ouverture, Mrs Ensor rappelle que la Ligue est ouverte à tous les points de vue et qu'elle s'efforce avant tout d'extraire ce qu'il y a de vrai en eux. Rassembler ces différents points de vue pour fondre une philosophie et une science, voilà le rôle qui lui est dévolu, à condition qu'elle n'institue aucun dogme, mais qu'elle ‘« marche les yeux fixés sur la vérité »’ 249. Vérité qui ne cesse de balancer entre différentes attitudes contradictoires : entre les tenants de l'expression créatrice et ceux des méthodes et techniques rigoureuses, entre les partisans de l'épanouissement libre des capacités en l'enfant et ceux de leur étude et de leur mesure, ou encore entre les adeptes de la liberté contre ceux de l'autorité... La Ligue ne peut s'inquiéter de l'hétérogénéité, au contraire celle-ci manifeste sa perpétuelle recherche de vérité : ‘« Notre effort consiste à adapter l'Education aux besoins modernes ; nous ne prétendons pas avoir découvert une nouvelle Education »’ 250. Que les fondateurs de la Ligue soient hostiles à une révolution de l'éducation, qu'ils lui préfèrent une évolution, ils ne s'en sont pas cachés, mais qu'ils nient leur volonté de créer une nouvelle éducation, voilà qui est plutôt "inattendu".

Elisabeth Rotten va dans le même sens quand elle relativise le problème de la rénovation des programmes : « A chaque époque son programme d'études »251. Ce qui importe n'est pas dans le choix des méthodes ou des programmes mais bien dans le respect de l'unique loi possible en matière d'éducation : partir de l'enfant, ‘« de la connaissance psychologique de la croissance spirituelle de l'enfant »’ 252. A partir de là, la pédagogie ne peut pas se tromper et peut se permettre la pluralité.

Notes
249.

« Croisades dans le royaume de l'éducation », P.E.N., n°51, octobre 1929, p. 220.

250.

Ibid.

251.

« A chaque époque son programme d'études », P.E.N., n°51, octobre 1929, p. 214.

252.

Id., p. 215.