La culture, facteur d'unification et de division

La culture universelle est le nouvel enjeu de l'éducation. Pour les uns, c'est une culture technique et professionnelle qui se construit dans le travail. Elle est facteur d'unification parce qu'elle tend à réunir tous les individus d'un même groupe social entre eux et qu'elle manifeste ainsi leur identité sociale. Wallon propose comme solution aux conflits une culture unique et une éducation unique. La culture telle qu'elle est comprise actuellement n'est pas unificatrice, et la profession peut servir de "tremplin" à l'unité recherchée pour une nouvelle culture. Il considère que l'homme est fait pour le travail, qui, rendu aux travailleurs, peut être le ‘« point de départ d'une culture qui unirait tous les hommes et toutes les nations »’ 288. Mais il y a deux sens possibles pour la culture : la culture qui divise, la culture morale, celle qu'on croit supérieure à celles des autres et qu'on veut leur imposer ; la culture qui unit, la culture technique qui se construit par le travail et la profession.

Mais une culture technique est aussi facteur de division puisqu'elle sépare les groupements d'hommes les uns des autres. La seule culture universelle possible est alors une culture de nature spirituelle. Ainsi pour Piéron, ‘« Le problème des buts éducatifs, c'est essentiellement le problème de la culture »’ 289. Cette culture prend trois formes : la culture de base qui est enseignée à l'école, la culture professionnelle à utilité sociale, elle représente ce que chacun doit à la société, et enfin la culture générale, les savoirs et les valeurs, ce que chacun apprend de la société. En opposition totale avec Wallon, il dit de la culture professionnelle « en faveur de la société » qu'elle tend vers la différenciation, alors que la culture générale « en faveur de l'individu » tend vers l'unification par le biais de la science, la laïcité et les valeurs communes. Il refuse toute conception marxiste de la culture telle qu'elle est en faveur en Union Soviétique, car il craint ‘« que la nouvelle culture qui mettrait fin au libéralisme, qui imposerait le conformisme absolu des pensées ne soit pas favorable aux progrès nouveaux que nous avons espérés »’ 290.

Notes
288.

« Culture générale et orientation professionnelle », art. cit., p. 246.

289.

« Comment créer une culture adaptée à l'époque moderne », P.E.N., n°82, novembre 1932, p. 265.

290.

Id., p. 268.