Pour Piaget, l'homme subit son état social plus qu'il ne l'agit parce qu'il le méconnaît, parce que son développement psychologique est insuffisant à lui faire comprendre les phénomènes sociologiques et ainsi de les dominer. Il y faut un instrument nouveau, une forme d'esprit capable de coordination intellectuelle et de direction morale. De cet esprit dépend le changement en réponse à la crise. Tout le mal réside dans l'esprit égocentrique bien impuissant à atteindre une conception scientifique de la réalité, mais aussi à se défaire des contraintes sociales conservatrices, autrement dit à créer de nouvelles règles sociales et morales, une nouvelle société. Il faut s'ouvrir à la réciprocité. Si l'enfant est naturellement égocentrique, il est aussi naturellement coopérant, une partie de la solution est dans l'éducation morale qui se doit d'utiliser cette tendance que trop souvent elle étouffe. Et ainsi, parvenir à ‘« cette coopération, cette attitude intellectuelle et morale de liberté, de libre recherche, (qui) n'existent dans notre société que dans certains domaines de la science »’ 325.
« L'évolution sociale et la pédagogie nouvelle », art. cit., p. 39.