Chapitre VII
Cheltenham en 1936. Education et liberté

‘« Dans les congrès successifs de la Ligue, plus d'une fois le thème de la liberté est revenu sur le tapis »’ ³³⁶. Ferrière parle en connaissance de cause, lui qui a fondé la Ligue et participé activement à tous ses congrès depuis 1921...

A Cheltenham, le problème est de savoir si la question de la liberté dans l'éducation peut trouver une réponse unitaire au sein de la Ligue. Deux directions d'analyse³³⁷ sont proposées aux orateurs pour développer ce thème autour de « Discussions sur la base d'une société libre ». La première a pour titre « Personnalité et liberté. Comment former une personnalité libre ? ». La seconde traite des « Relations humaines et liberté », de la signification et des moyens d'une possible conciliation de la liberté avec la vie familiale, l'économie politique ou encore la démocratie.

M. Clarke³³⁸ qui signe l'introduction des actes du congrès de Cheltenham signale que de nombreux conflits ont eu lieu entre les intervenants. Cependant, il aperçoit un terrain d'entente, dans l'idée - chère à l'Education nouvelle - selon laquelle la liberté est le moyen essentiel pour faire de l'enseignement un art et le rapprocher de la "nature" qui, précise-t-il, est celle ‘« qu'ont révélée les sciences humaines des temps modernes »’ ³³⁹. Mais de quelles sciences humaines s'agit-il ? Les congrès précédents l'ont bien montré, des divergences de conception ont souvent pour origine des options scientifiques différentes. Le tout est de s'accorder sur la science de référence et alors la notion de liberté sera "une"... Un peu plus loin dans son texte, Clarke règle "à sa manière" ce problème quasi insoluble en disant que ‘« l'existence d'interprétations différentes est peut-être liée à la nature de la liberté »’... Il soulève ainsi un sujet nouveau de discussion mais absolument nécessaire pour introduire les débats de Cheltenham, celui de l'explicitation de la "nature" de la liberté.