Pas de morale sans science

Ce à quoi, Wallon répondra qu'alors il n'est plus question de former une personnalité libre. L'absence d'enseignement religieux ne veut pas dire absence de moralité, puisque ‘« la morale est généralement reconnue et admise par tout le monde, religieux ou non »’ 366. Si la science donne à l'homme le pouvoir de développer ses moyens techniques, elle ne l'a pas libéré. Car la libération morale de l'homme exige d'abord sa libération matérielle qui repose sur une égale participation de tous à la distribution des biens matériels. Une libération morale qui est condition de transformations sociales et politiques.

Le danger de la religiosité est dans son absence de rationalité. La foi n'a pas le monopole de l'esprit, et nombreux sont les intervenants qui revendiquent un nouvel esprit scientifique, celui de la raison : ‘« la troisième réalisation de la science c'est le nouvel esprit »’ 367 dit Washburne. Si ce qui manifeste une personnalité libre réside dans sa spiritualité, alors pourquoi cette spiritualité ne serait-elle pas scientifique ? L'esprit scientifique est le seul qui puisse unir, il met les hommes d'accord entre eux devant les faits, il universalise. Il est par contre beaucoup plus difficile de ‘« faire une seule religion »’ 368...

Notes
366.

Id., p. 61.

367.

« La science, facteur de libération », in A la recherche de la liberté, op. cit., p. 30.

368.

M. Smelten, « La religion, facteur de libération », in A la recherche de la liberté, op. cit., p. 59.