De la psychanalyse à la psychologie génétique

A Montreux, Jung relativisait déjà à sa manière la possibilité d'application de la psychanalyse à l'éducation : ‘« quand je parle des rapports entre la psychologie analytique et l'éducation, je laisse de côté l'analyse freudienne »’ 416. Tout en expliquant que le terrain d'investigation du psychanalyste, le rêve, demeure bien délicat à explorer, il rappelle que la psychanalyse est d'abord une méthode thérapeutique... De même, lors de la présentation qu'il fera dans une seconde allocution de sa théorie des types psychologiques, extraverti et introverti, Jung insiste sur le fait que ‘« A proprement parler, il n'y pas en réalité d'extravertis en soi, mais des fonctions-types extraverties et introverties, comme le type intellectuel, le type sensoriel, etc. »’ 417. Ce sur quoi Ferrière tient à apporter son accord en constatant une forte parenté entre la classification de Jung et la sienne : ‘« il semble légitime d'affirmer la solidité du point de départ des deux classifications »’ 418, autrement dit la relation entre évolution de l'humanité et évolution de l'enfant, le parallèle entre phylogenèse et ontogenèse.

Autant le psychanalyste rappelle que le "type" doit rester une idée purement théorique, autant le pédagogue préfère hiérarchiser entre les différents types, ce qui lui permet d'intégrer une dimension temporelle de succession et donc une assise génétique aux typologies. Le pédagogue de l'Education nouvelle ne peut pas se contenter d'approximation sur la nature de l'enfant, la psychologie génétique présente l'avantage de donner un contour à l'enfant du moment, mais un contour qui n'a rien de définitif, qui parvient à s'inscrire dans une dynamique. Le type ne décrit qu'une étape dans le développement de l'enfant.

Notes
416.

« Psychologie analytique et Education », P.E.N., n°8, octobre 1923, p. 119.

417.

« Types psychologiques », P.E.N., n°8, octobre 1923, p. 126.

418.

« Note de la rédaction », P.E.N., n°8, octobre 1923, p. 126.