C. Les limites de la position psychologique sur l'éducation morale

Si les psychopédagogues de l'Education nouvelle refusent d'instituer une pédagogie unique pour tous, de préconiser certaines méthodes pédagogiques des écoles nouvelles plutôt que d'autres, s'ils ne veulent pas poser a priori sur l'enfant un profil précis à éduquer, c'est qu'ils font leur le précepte de Pindare : ‘« Deviens ce que tu es »’. Mais laisser la place au non-accompli, au non-prévu, est une idée que ces pédagogues n'osent pas avancer, ne peuvent pas avancer parce qu'ils ont fait le choix de la vérité scientifique. Ils refusent le chemin unique pour l'enfant, pour chaque enfant, mais ils ne conçoivent pas une pédagogie ignorante de la nature de cet enfant. Car il faut bien que le pédagogue connaisse cet enfant s'il veut l'aider à parcourir le chemin qui lui convienne ! Mais comment peut-on dire qu'un enfant agit librement quand il agit conformément à sa nature ? Comment éduquer moralement un enfant quand la science psychologique excuse toutes les erreurs ? C'est sur cette base que les pédagogues actifs dans le mouvement après 1945, les "sociopédagogues", marquèrent leur opposition aux psychopédagogues.