Chapitre II
Société et éducation morale

Le congrès de Nice a provoqué l'affrontement de positions divergentes sur le sens que doit prendre l'éducation pour l'Education nouvelle, et cela coïncide plus ou moins exactement avec l'importance grandissante prise par des pédagogues engagés socialement ou politiquement, et que nous appellerons "sociopédagogues". Ils se nomment Wallon, Langevin, Freinet, Dewey, Washburne... Ce n'est pas non plus par hasard si cette division se produit en même temps que la rédaction de la nouvelle charte dont les premières phrases en disent long sur la volonté de transformation sociale qui se fait jour dans la Ligue : ‘« La crise actuelle appelle la concentration à travers le monde entier de tous les efforts vers une éducation rénovée. En vingt ans, l'éducation pourrait transformer l'ordre social et instaurer un esprit de coopération capable de trouver des solutions aux problèmes de l'heure »’. Qu'est-ce qui réunit les tenants d'une position sociopolitique sur l'éducation ? Sans aucun doute l'imminence d'une crise mondiale, les prémisses de la guerre, une situation sociale déplorable. Quelque chose menace d'éclater, il faut absolument prendre les moyens de réagir. Il n'est plus pensable de laisser à la nature le temps de s'épanouir, il faut à présent l'encadrer, activer son développement, répondre aux besoins sociaux, faire face à l'urgence.