3. La transformation du monde, une préoccupation politique

Même si l'enfant continue d'être le centre des préoccupations, s'il demeure le but primordial, il n'est plus le but ultime de l'éducation. Ainsi, nombre d'éducateurs nouveaux semblent désormais concevoir l'éducation comme moyen de réalisation d'une sorte de "culture sociale", c'est-à-dire une culture démocratique qui aurait la double fonction d'atteindre chaque individu, et de souder l'ensemble des individus d'une société dans une cohésion solidaire. Il ne s'agit jamais dans la pensée de ces pédagogues d'adapter l'enfant à la société telle qu'elle est, mais toujours de viser sa rénovation569. Il se maintient dans le mouvement depuis sa création la constance d'un idéal de transformation du monde par l'éducation. Mais alors que les pionniers de la Ligue optaient pour une rénovation "par l'intérieur", par l'épanouissement en chacun de toutes ses potentialités, et tout à leur confiance en l'homme, se refusaient à donner un contour trop précis à cette société rénovée, les pédagogues nouveaux d'après 1932 commencent à lui dessiner une forme plus explicite.

Notes
569.

C'est aussi la thèse de B. Charlot qui soutient que l'éducation est par essence politique sans quoi elle demeure idéologique. L'école est ainsi responsable de la conciliation du "culturel" (connaissances) et du "social" (profession), deux aspects qu'on retrouve dans les conceptions de Wallon et de Piéron. (cf. B. Charlot, La mystification pédagogique, Paris, Payot, 1976, pp. 7-24).