1. L'instinct combatif et la lutte contre le mal

Selon Samuel Roller760, Bovet, parce qu'il était issu d'un milieu protestant, ne pouvait pas dissocier la morale de la religion, et l'éducation morale de l'éducation religieuse. ‘« La piété protestante postule la vie morale »’, et ‘« trop facilement la religion est ramenée à la morale »’ 761. Bovet, de part ‘« son milieu protestant, exigeant, austère, foncièrement moral »’ et de part ‘« sa personnalité de philosophe est sans doute le partisan de l'Education nouvelle le plus préoccupé d'éducation morale »’ 762. Il a vécu toute son enfance dans le rayonnement d'un père, dont les réflexions d'ordre philosophique et religieux ont contribué à cela. De plus, un voyage en Palestine a encore accentué sa pensée philosophique dans le sens biblique et spirituel. Et, quand Claparède l'appelle à prendre la direction de l'Institut Jean-Jacques Rousseau en 1912, Bovet décide immédiatement de diriger des séminaires d'éducation morale.

C'est dans un contexte historique où on s'interrogeait de plus en plus sur l'éventualité d'une guerre et sur les moyens de sauvegarder la paix, dans une période qui suivait ‘« le déferlement de violence »’ 763 que fut la première guerre mondiale, ‘« ce défi lancé à la moralité et à l'éducation morale »’ 764, que Bovet entreprit la rédaction d'une de ses oeuvres majeures, L'instinct combatif.

Notes
760.

Ce paragraphe a été élaboré à partir de l'entretien que Monsieur Samuel Roller nous a accordé le 23 mars 1995 à Genève. Les citations qu'il contient sont extraites de l'enregistrement de cet entretien que Monsieur Roller nous a autorisée à utiliser.

761.

S. Roller, interview du 23 mars 1995 à Genève.

762.

Ibid.

763.

Ibid.

764.

Ibid.