Une position génétique

Ce qui fait la particularité de l'étude du sentiment religieux par Bovet est la position génétique qu'il adopte, la présence de Piaget au B.I.E. et à l'Institut des Sciences de l'éducation de Genève, n'est sans doute pas étrangère à ce choix à l'époque où celui-ci ‘« avait déjà effectué des travaux en laboratoire et publié par rapport au jugement moral et à la représentation du monde chez l'enfant, autant de travaux que Bovet cite »’ ⁷⁹⁶. Ce choix provient, explique Bovet, de la difficulté à établir une seule définition de la religion à partir des différentes positions des sciences humaines : ‘« On sait les débats auxquels a donné lieu la définition de la religion. Leur confusion tient en partie à ce que l'histoire, la sociologie, la psychologie, abordent chacune la question par une voie différente »’ ⁷⁹⁷. Autrement dit, le recours à une science quelle qu'elle soit ne peut être la solution, une définition de la religion par l'histoire sera toujours une définition historique de la religion, une définition de la religion par la sociologie ou la psychologie reste une définition sociologique ou psychologique de la religion. Ce n'est pas alors la science humaine qui sert la religion mais le contraire. C'est pourquoi Bovet préfère une définition génétique : ‘« puisqu'une définition strictement logique se montre inutile et inadéquate, ne demanderons-nous pas la lumière à une définition génétique ? »’ ⁷⁹⁸. Et quand le débat se porte sur l'éducation, une définition génétique présente l'avantage d'être non définitive, d'une part elle ouvre à la possibilité d'une évolution sur l'idée de Dieu et dans la pratique religieuse, et d'autre part elle permet de ramener l'étude à l'individu qui est l'unité de base du pédagogue nouveau.