Bonté naturelle et perfectibilité de la nature

Cette idée de perfectibilité qui a pris naissance au XVIIème siècle, se transformera en idée d'éducabilité au XIXème siècle, notamment sous l'influence de Rousseau qui, dressera ‘« l'une en face de l'autre l'innocence de ’ ‘l'homme naturel’ ‘ et la corruption de ’ ‘l'homme policé’ ‘, mais en se gardant de prôner un impossible retour à la simplicité des premiers temps »’ 1057. L'homme n'a pas d'autre issue que dans son perfectionnement, c'est même la caractéristique et la destination de sa nature. Selon Rousseau, la bonté naturelle primitive de l'homme est en réalité "négative ", en ce sens qu'un révélateur, la civilisation, le résultat de la socialisation et de l'usage de la raison, lui est nécessaire pour que la vertu effective de l'homme apparaisse. L'homme naturel est amoral, il ne peut devenir moral sans perfectionnement de sa nature. L'homme social est immoral, mais cet état lui est nécessaire pour parvenir à son perfectionnement.

‘« Civilisation et vie sociale sont-elles donc en même temps naturelles et contre nature ? »’ 1058. C'est l'interrogation de Ehrard qui conclut que Rousseau, en jouant sur le sens du mot, tantôt essence et processus, tantôt état et devenir, fait de la Nature ‘« un phénomène historique et une réalité transcendantale »’ 1059. Les pédagogues nouveaux en "bons héritiers" de la pensée rousseauiste n'ont donc fait que reprendre et répercuter cette hésitation du concept de nature dans leurs conceptions pédagogiques.

Notes
1057.

J. Ehrard, L'idée de nature en France (tome 2), op. cit., p. 749.

1058.

Id., p. 751.

1059.

Ibid.