La part du naturel

Si l'idée de nature est une idée forte en ce sens qu'elle a réussi à traverser toutes les époques, elle reste cependant une idée qui recouvre tout et son contraire... On ne sait jamais quand on parle de nature, et cela se vérifie pour les pédagogues de l'Education nouvelle, de quoi on parle exactement. Qu'est-ce qui est vraiment naturel en l'homme ? Entre ce qui est inné et ce qui est acquis par l'habitude ou l'éducation, entre ce qui est naturel dès l'origine et ce qui l'est devenu, où est la véritable nature ? Le "naturel" est-il si différent du "coutumier" ? Et dans quelle mesure ?

C'est La Mettrie qui, au XVIIIème siècle, inaugure un mode empiriste et matérialiste de penser la nature humaine. Très "expérimentaliste" dans sa façon de définir la dimension psycho-physiologique de l'homme, il pose une question de fond qu'on retrouvera dans les débats internes de la Ligue : l'homme est-il le fruit de la nature ou le produit de la culture ? L'idée de nature est alors l'objet de manoeuvres sémantiques qui laissent perplexe. Pour exemple, le thème de "seconde nature" qui se profile bien malencontreusement derrière les fondements sinon d'une morale naturelle, du moins d'une morale acquise (développée ?) naturellement, c'est-à-dire selon les principes de l'Education nouvelle...