Chapitre II
Au fondement de l'éducation morale : la liberté

‘« Depuis sa fondation, la Ligue s'est constamment basée sur le principe de la liberté ; elle n'a cessé de souligner l'importance qu'elle attache à l'aspect "intérieur" de l'éducation, aspect dont le besoin se fait sentir actuellement plus que jamais. Abandonner ce principe ou même modifier son attitude à son égard, équivaudrait pour la Ligue à renoncer à ce qui fait sa raison d'être. Il n'en saurait être question »’ 1069. A la veille du congrès de Cheltenham consacré à l'éducation dans une société libre, la Ligue tient à redire son acte de foi en la liberté, mais aussi à le repenser à la lumière de la conjoncture sociale de l'époque. Même si la solution adoptée demeure celle du développement de la personnalité morale de l'enfant, l'idée de liberté dans l'Education nouvelle est sans cesse placée sous la dépendance des rapports entre l'individu et la société qu'elle veut harmoniser. Autrement dit, l'homme libre, c'est l'homme moral, et l'homme moral, c'est l'homme social. Il reste que la question de la liberté est première et même "inaugurale" pour l'Education nouvelle, qu'elle est un thème qui s'éternise, qui revient continuellement dans les congrès et dans les ouvrages. Mais dès que les pédagogues nouveaux parlent de liberté, ils s'empressent de la limiter, comme si une liberté sans discipline allait à l'encontre de leur pédagogie, comme si l'existence du mouvement en dépendait. S'ils ont fait de ce mot leur idéal emblématique, parviennent-ils comme ils le souhaitent à s'entendre sur le sens et l'usage de ce mot en éducation ? La liberté pose problème, ‘« celui qui, durant de longues années de sa vie si troublée, a torturé Rousseau ; comment l'homme libre obéira-t-il tout en demeurant libre ? »’ 1070.

Notes
1069.

Comité exécutif de la Ligue internationale pour l'Education nouvelle, « Aux compagnons du monde. Lettre n°5, octobre 1935 », P.E.N., n°113, décembre 1935, p. 292.

1070.

Ibid.