4- Une précision progressive

Le déroulement de l’étude s’efforce d’étayer ces affirmations en quatre parties, balancées deux à deux. On peut tout d’abord envisager de poser les enjeux et la définition du bal (première et deuxième partie). Ensuite, ce travail s’organise à des niveaux d’échelles à la précision croissante autour de l’idée centrale, mais pas unique, d’un bal politique: présentation détaillée des caractéristiques des différents bals au niveau de l’ensemble du territoire, puis analyse de son rôle structurant de la région au local (troisième et dernière partie).

Cette conviction d’un bal politique constitutif de l’identité territoriale s’appuie sur certains travaux qui, dans des domaines proches, ont pu mettre en valeur les mêmes idées. On ne peut donc négliger de les évoquer pour débuter.

La présentation des sources et les problèmes qu’elles posent sont l’autre préalable indispensable de cette première partie.

Pour l’achever, la définition du bal passe par sa distinction de la danse en général et des autres fêtes dansantes, beaucoup plus nombreuses. Il s’agit de montrer l’originalité des différents types de bals selon leurs organisateurs, leurs modes de consommation alimentaire et leur musique, mais aussi l'ancienneté du rôle social du bal.

La deuxième partie s’efforce de montrer l’importance et la diversité des bals : la mutation du bal n’a pas été distribuée uniformément ; surtout, le bal n’a pas partout la même importance ce qui explique donc son inégale répartition. C’est ce qui permet de dessiner des régions de pratique proche tant par leur intensité que leurs spécificités.

En même temps, le portrait du public permet de distinguer les pratiquants assidus, des plus modérés, lesquels sont les plus nombreux. On s’intéresse aussi à deux clichés, celui d’un loisir spécifique aux jeunes et aux catégories les plus populaires pour en montrer les limites : malgré de fortes nuances, on danse encore beaucoup en France, un peu partout et cela concerne aussi la plupart des groupes sociologiques. Sans parler d’uniformité, on peut néanmoins remarquer l’intérêt assez généralisé pour l’activité.

Cette importance amène à se poser la question de la finalité du bal : est-il loisir? activité économique à part entière ? En fait, ces éléments bien que souvent mis en avant apparaissent comme relativement secondaires.

L’essentiel, bien que plus discret, réside dans la fonction socialisante du bal, cette mise en évidence des groupes qui permet leur structuration. C’est l’objet de la troisième partie. Mais cette fonction est très différente selon les types de bals ; on montre donc les particularités spatiales, calendaires et l’évolution du bal public, son rôle plus clairement politique mais aussi son recul face au repas dansant. Celui-ci permet de mettre en valeur les bals associatifs clos, plus discrets, plus récents, en progrès rapide et qui correspondent bien à l’évolution de la société, surtout dans le nord et l’est, et en général les régions urbanisées du pays.

Cette répartition contrastée amène à proposer pour débuter la quatrième partie une carte régionale des pratiques du bal. Il s’agit surtout ensuite d’essayer de l’expliquer pour en comprendre la genèse. Trois grands axes explicatifs sont abordés: les différences de comportement culturel, la diversité socio-démographique des populations concernées, le niveau et le type d’urbanisation. Chacun joue un rôle mais on voit l’importance déterminante des organisateurs et du degré d’urbanisation.

Celle-ci est particulièrement mise en valeur à grande échelle : le bal est d’abord et surtout un phénomène local. Qu’on s’intéresse aux publics comme à l’espace du bal, on y voit clairement deux projets de société foncièrement différents dont l’évolution laisse supposer une rupture majeure avec à terme l’abandon du modèle ancien de la civitas.

On le voit, le sujet est riche et permet un regard ambitieux qui justifie amplement la précision de l’étude préalable de la nature du bal.