2-2 Les études

Elles sont de trois types : on trouve une production officielle, professionnelle, et universitaire.

La production professionnelle est maigre : l’étude de Patrick Renault pour et avec l’aide la SACEM 86 avait pour objectif de s’interroger sur la pérennité du bal et la violence. Elle est réalisée à partir d’une enquête qui s’appuyait sur quarante entretiens réalisés durant l’été 75 de Patrick Renault avec des intervenants (chefs d’orchestres, organisateurs, officiers de gendarmerie...) du Sud-Ouest et du Val de Loire. Ils étaient complétés par une seconde enquête : 1500 questionnaires détaillés (38 questions) remplis par les délégués de la SACEM auprès des organisateurs de 8 départements (Allier, Gironde, Loiret, Pas-de-Calais, Puy-de-Dôme, Bas-Rhin, Haute-Savoie, Sarthe) entre septembre 75 et mars 76. La bonne connaissance du bal et le sérieux de l’enquête expliquent que, malgré son âge (20 ans) et sa volontaire technicité, on l’utilise encore avec profit.

S’y ajoutent un certain nombre d’articles de niveau inégal publiés de loin en loin dans les revues professionnelles. Rares sont ceux consacrés seulement au bal : la plupart du temps, on y trouve des informations éparses au milieu de celles qui décrivent les discothèques, les comités des fêtes ou la situation des intermittents du spectacle. Par ailleurs, elles ne sont pas toujours très riches et recoupent d’autres sources en les simplifiant. Enfin, souvent ces publications sont cloisonnées et ignorent ce qui peut exister par ailleurs. Il n’est donc pas surprenant de découvrir, à travers les remarques des acteurs du bal (membres d’orchestres ou organisateurs) que ce milieu professionnel se connaît mal, contrairement à d’autres activités, le cinéma par exemple.

Sont surtout utilisées des informations tirées d’un supplément épisodique à la revue Sono intitulé Night Business Infos 87 ; plus rarement des informations proviennent du Bulletin du GRISS (Groupement des Institutions Sociales du Spectacle), Informations aux salariés, qui gère la Sécurité Sociale des salariés du spectacle. Mais les travailleurs du bal y sont à peine majoritaires et complètement marginalisés : on n’en parle jamais. Il n’a pas non plus été possible de disposer de données directement fournies par cet organisme.

De même, Spectacle Infos est une revue tournée vers l’ensemble des professionnels du spectacle et à ce titre aussi, difficile à utiliser. Les revues destinées aux chefs d’orchestres, de même que celle de l’Association des Comités des Fêtes, de moindre intérêt, vieillottes et/ou à diffusion sporadique ne sont pas utilisées. A l’exception de la première citée, on ne peut donc que rarement s’appuyer sur ces études.

Les études universitaires sont plus rares encore ; elles se limitent aux travaux de Francis Marchan sur les orchestres de bal et ceux, plus marginaux, sur la danse sociale menés autour de Rémy Hess 88 et Alexandra Weiland à Paris VIII. L’intérêt des études de ces derniers est extrêmement limité pour nous ; on peut néanmoins trouver quelques informations sur la perception de la danse dans les milieux cultivés, à Paris en particulier 89 .

Moins folklorique, le mémoire de DEA 90 et la thèse de doctorat 91 de Francis Marchan sont notre principal point d’appui en matière d’étude, le plus sérieux dans ce domaine. Lui empruntant souvent, mon travail s’inscrit dans la mesure du possible, lorsque ce n’est pas nécessaire à la problématique centrale, en complément de cette étude : renvoyant à Marchan, les orchestres et diffuseurs de musique ne sont que peu traités et cela se limite généralement à ceux que, du fait de leur définition régionale très précise, ces études laissent un peu de côté : les plus gros orchestres et les disco-mobiles.

Les études issues d’organismes officiels portent toutes sur des champs plus larges; elles ne mentionnent le bal que de manière incidente. Elles exploitent généralement des données produites par ces mêmes organismes, sont d’ailleurs parfois présentées dans le même ouvrage 92 et avec le même défaut : destinées à décrire une réalité nationale, elles sont souvent un peu trop générales, proposent des moyennes qui s’accordent mal avec les informations plus fines que nous possédons par ailleurs ; enfin leur analyse reste souvent limitée au champ de données utilisées, sans mise en perspective avec d’autres informations. Il est donc souvent préférable de revenir directement aux données.

La plus importante et la plus solide décrit Les pratiques culturelles des Français (1973-89), réalisée par Olivier Donnat et Denis Cogneau 93 . Elle est complétée par deux études plus spécialisées sur les jeunes 94 puis le troisième âge 95 qui exploitent les même données sans apporter d’informations nouvelles.

Deux études de même type que celle du ministère de la Culture, réalisées par des équipes suisse 96 et belges 97 permettent de comparer les comportements sur l'ensemble de l'aire francophone européenne. Si les données de cette dernière étude datent de 1988, elle commencent cependant à dater un peu pour celle qui concerne la Suisse et il ne serait pas inutile de les actualiser. Par contre, d’origine universitaire, l’une et l’autre échappent à une production officielle et entendue ; aussi leur analyse se révèle de bien meilleur niveau que leurs équivalents français.

Plus originale, une autre analyse réalisée par Olivier Donnat 98 nous est très utile : datant de 1989 et exploitant des données de 1985, elle s’intéresse à l’économie des loisirs, de la danse (mais pas du bal) en particulier.

Un certain nombre de travaux se sont révélés très décevants : ainsi Les publics de la danse 99 se limite à la danse classique (2% des publics de la danse soient 5 à 6 % des français, sans rapport avec le bal). Il existe aussi une collection qui s’efforce de réaliser un annuaire statistique de la culture. L’analyse des résultats de plusieurs collectes de données réalisées par l’INSEE permet de disposer d’un ouvrage qui s’intéresse aux communes 100 , mais le bal n’y apparaît que sous forme de mentions rares, furtives, jamais chiffrées de manière distincte...

Ces lacunes imposent donc en général un retour aux données statistiques.

Notes
86.

RENAULT, Patrick. Les bals en France. SACEM / Musique et Promotion, coll. Musique vivante, Paris, 1978, 94 p.

87.

SEMA-GROUP. Sono. Suppléments Night Business Infos.

88.

HESS, R. La Valse, la révolution du couple en Europe. Métailié, 1989, 206p.

89.

POUR, n°145, Danse, éducation, société. L’Harmattan, 1995.

90.

MARCHAN, F. Les orchestres de bal: sociographie d’une population. Mémoire pour le DEA de Sociologie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, septembre 1986, 83p.

91.

MARCHAN, F. Musiciens et orchestres de bal en Limousin. Mémoire de thèse de doctorat nouveau régime, sociologie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, mai 93, 299p.

92.

Ainsi l’enquête sur les pratiques culturelles des jeunes de 1994 dont nous allons reparler.

93.

DONNAT, Olivier et COGNEAU, Denis. Les pratiques culturelles des Français (1973-1989). Département des Etudes et de la Prospective. Ministère de la Culture et de la Communication. La Découverte/La Documentation française. 1990.

94.

PATUREAU, Frédérique.Les pratiques culturelles des jeunes. Ministère de la culture et de la communication. Direction de l'administration générale. Département des études et de la prospective. La Documentation française. 1992.

95.

COLLECTIF.Les publics de la danse. Ministère de la Culture-La documentation Française, 94

96.

LALIVE D'EPINAY, Christian, BASSAND, Michel, CHRISTE, Etienne, GROS, Dominique. Temps libre; culture de masse et cultures de classes aujourd'hui. Pierre-Marcel Favre ed., coll. Regards sociologiques, Lausanne, 1982.

97.

BOUILLIN-DARTEVELLE, Roselyne, THOVERON, Gabriel, NOEL, Françoise. Temps libre et pratiques culturelles. Liège, 1991, Mardaga, coll. Création et communication, 277 p.

98.

DONNAT, Olivier. Les dépenses culturelles des ménages. Ministère de la Culture et de la Communication, Direction de l'Administration Générale et de l'Environnement Culturel, Département des études et de la prospective. La Documentation française, 1989.

99.

GUY, Jean-Michel. Les publics de la danse. Ministère de la culture et de la communication. Direction de l'administration générale. département des études et de la prospective. La Documentation française. 1992, 480 p.

100.

LEPHAY-MERLIN, C. Les dépenses culturelles des communes. Analyse et évolution, 1978-1987. Ministère de la culture et de la communication. Direction de l'administration générale. département des études et de la prospective. Collection “Annuaire statistique de la culture”. La Documentation française. 1989. 256p.