Chapitre 2. L’inégale répartition des bals en France

2-1 Bals nombreux, bals rares

Autour de 160 000 bals chaque année en France, cela représente donc une moyenne de 4,5 bals par commune, ce qui n’est pas négligeable. Mais il est évident que cela s’accompagne d’une grande diversité de situations:

  • elle reproduit la diversité des communes (démographique, structurelle notamment le nombre de noyaux villageois qui les compose) laisse supposer que dans les moins peuplées 230 ce nombre est moindre.
  • les communes urbaines ont une pratique proportionnellement moindre que le reste du territoire.
  • les comportements sont différenciés selon les régions .

Aussi, il importe de tenter une approche spatiale très progressive afin de distinguer ce qui ressort de chacun de ces éléments.

Sur la carte 6, relevons tout de suite les énormes contrastes entre maxima et minima: de 632 (Annecy, mais Quimper ou le Havre sont proches) à 4 546 bals et repas dansants par délégation (Clermont-Ferrand) avec une moyenne assez importante de 1601. On retrouve ces contrastes tout au long de l'étude.

Si on excepte les cas de Monaco, très peu peuplé 231 , et Ajaccio on trouve une grosse dizaine de délégations où moins de mille bals ont eu lieu en 1995, la plupart se situant même autour de 500. On les localisera surtout dans la région parisienne, mais aussi quelques grandes agglomérations (Marseille, le Havre, Nice, Brest voire Quimper ou Annecy). Cet ensemble peut sembler hétéroclite; il représente cependant, si on y joint quelques autres délégations à peine moins faibles non citées, généralement très urbanisées, une quinzaine de millions de français pour qui le bal n’existe pratiquement pas, à la fois parce qu’on y va très rarement, mais aussi parce qu’on n’en entend même pas parler dans la ville.

Cet aspect met en valeur les forts contrastes de pratiques culturelles. Ainsi, à l’inverse des zones évoquées à l’instant, le nord, l’est, le sud-ouest et le Massif Central se distinguent: qu’on imagine l’impact des 4546 bals de la délégation de Clermont-Ferrand, des 3366 qu’on organise autour de Pau (mais Biarritz n’est pas loin, Agen fait plus encore). Il est évident que ces manifestations seront dans ces cas-là un élément important de la vie de l’ensemble de la population, même si on n’est pas un pratiquant assidu: bien qu’un tiers à la moitié de la population adulte de ces régions n’aille jamais au bal 232 , il est difficile à quiconque d’en ignorer l’existence.

Carte 6. Répartition des séances de bals et repas dansants par délégation de la SACEM
Carte 6. Répartition des séances de bals et repas dansants par délégation de la SACEM
Notes
230.

Dans notre cas, près du quart des communes françaises, avec moins de 250 habitants, sont concernées. Ainsi en 1997, dans la seule délégation SACEM de Saint-Raphaël, qui inclus une large bande d’arrière-pays, y compris dans le département des Alpes de Haute Provence, on en trouve 6 avec moins de 60 habitants dont 3 inférieures à 20 qui n’organisent aucun bal. Les 44 communes de moins de 300 habitants n’en organisent que 119 soit 2,5 par commune.

231.

28 000 habitants quand la moyenne des autres délégations de la SACEM dépasse les 600 000. On trouve le minimum de 90000 habitants à Gap (mais Ajaccio et Aurillac, les suivantes ont déjà respectivement 141 000 et 158 000 habitants). En ce qui concerne le maximum, les délégations de Bry-sur-Marne (banlieue est de Paris) et Lyon se disputent la prééminence avec près de 1,7 million d’habitants. Dans onze autres délégations la population atteint ou dépasse le million d’habitants (Bordeaux, Lyon, Nantes, Lille, Strasbourg, Metz, Toulouse,St -Gratien (banlieue nord de Paris), Evry, St Germain en Laye, Versailles). Par ailleurs, une dizaine de délégations représentant toutes les autres grandes métropoles françaises s’en approchent. (données RGP, 90 mais découpe SACEM de 1995).

232.

Evaluation d’après les résultats de l’enquête du ministère de la Culture: dans les régions de forte pratique on peut assez logiquement supposer que la proportion d’adultes français qui vont au bal au moins une fois dans l’année augmente de 50 à 100% par rapport aux 30% moyen de l’ensemble du pays.