2-2 Une inégale visibilité du bal

Cet impact du bal est difficile à cerner. On peut déjà considérer qu’il joue un rôle secondaire dans la plupart des délégations où il est très rare. La carte 7 s’efforce d’en souligner les contrastes. Elle reste grossière puisque qu’elle ne prend pas en compte les spécificités locales. Ainsi dans la délégation de Lyon, le bal est une réalité qui compte dès que la ville s’étale moins dense: dans la vallée de la Saône avant même Neuville, les périphéries est et sud de Meyzieu à Corbas ou Chaponnay, tout comme sur le versant ouest des Monts du Lyonnais (Lentilly, La Tour-de-Salvagny).

On voit ainsi que certaines parties du pays relativement peu peuplées ont une offre de bals très importante, alors que toutes les métropoles n'émergent pas avec la même netteté: c’est ainsi le cas de Marseille, 525 bals quand la délégation proche de Gap en accueille 1125. D’autres s’en sortent mieux: ainsi Lille (1377 séances) mais, là encore, les délégations voisines de Boulogne sur Mer et surtout Arras et Valenciennes (deux fois plus de séances) sont loin devant.

Carte 7. Inégale importance du bal dans la vie sociale: premier essai d’évaluation
Carte 7. Inégale importance du bal dans la vie sociale: premier essai d’évaluation

Plus probants sont les cas de Strasbourg qui, comme Toulouse (4274 séances), dominent chacun une région très active, la palme revenant nettement au sud-ouest. Dans ces cas, il apparaît à l’observation que les métropoles éponymes ont une activité relativement limitée et surtout concentrée sur leurs périphéries par rapport à leur délégation, très vivante. Une étude plus fine montrerait cependant que les bals sont cependant proportionnellement plus nombreux à Toulouse ou Strasbourg que dans la plupart des autres grandes villes du pays.

Quant à la région parisienne, elle peut certes aligner près de 6 000 séances mais c’est pour toute la métropole, soit bien peu de chose rapportée à la population gigantesque de cet ensemble: ici l’impact sera minimal, à l’exception de la délégation de Melun où le poids des zones rurales de la Seine et Marne est important. Qu’on enlève celles-ci et on découvre que 9,5 millions de franciliens n’ont pas à leur disposition plus de bals que le million de Haut-Garonnais et Ariégeois, bien moins que les auvergnats de Clermont-Ferrand (Puy de Dôme et Allier)... On comprend l’intérêt de passer à une observation plus fine et d’intégrer la taille de ces manifestations comme des populations concernées.

Dans le premier cas, il est possible d’avoir une idée de cette importance en étudiant le montant des perceptions de la SACEM dans chacune des délégations (carte 8).

Carte 8. Total des perceptions de la SACEM par délégation
Carte 8. Total des perceptions de la SACEM par délégation

Avec une variation entre les extrêmes de 1 à près de 50, de 1 à 8 pour les délégations les plus représentatives, les écarts sont énormes et illustrent bien la diversité des situations en France. Les mêmes régions se distinguent: sud-ouest et nord-est en tête. Mais ce regard n’est pas non plus parfait puisqu’il ne tient pas compte non plus du niveau des prix, en général plus élevé dans les grandes villes. Cela permet ainsi à Cannes une visibilité qui ne correspond guère à la fréquence des bals. Ils y sont plus importants mais cette caractéristique est manifestement exagérée. L’autre critique tient au fait que ce marqueur ne prend pas en compte le type de bal considéré: la gratuité de l’entrée minore considérablement les perceptions dans des délégations où on danse beaucoup ainsi Bordeaux et Périgueux, quand, à l’inverse, sa rareté dans les Vosges 233 exagère l’importance du bal.

Il demeure qu’on peut remarquer qu’en général, il existe bien un rapport inverse) entre le nombre de séances de bal et le montant moyen de redevances perçues par la SACEM (graphique 3). Les exceptions, plus souvent des écarts à la moyenne du fait de l’homogénéité des comportements, se révèlent intéressantes car elles signalent des particularités locales, ainsi des exemples cités au paragraphe précédent. On peut aussi signaler que les délégations comprenant les grandes métropoles sont celles dont les redevances moyennes sont les plus élevées.

Graphique 3. Des comportements homogènes
Graphique 3. Des comportements homogènes

Source: SACEM, 95

On peut compléter ce regard avec des informations qui prennent en compte la taille des populations considérées.

Notes
233.

Voir annexe 3, questionnaire n°3.