Au vu de ces données, les français forment trois groupes représentés dans le graphique 5 :
Retenons donc l'image d'un public stable qui s’élargit lentement sur vingt ans. Dans le même temps, la pratique est plus uniforme, puisqu'on y va moins souvent. Cela recoupe les constatations faites plus haut qui indiquaient que les goûts du public changent aussi: on fréquente plus les repas dansants et ce type de bal s’adresse à une clientèle moins spécialisée, souvent plus âgée. On imagine généralement le bal comme “une pratique populaire, jeune et rurale” 242 . L'étude fine de ce public permet aussi de mettre en valeur une évolution récente: ce n'est plus tout à fait le même public qui va à des bals différents.
Retenons donc l’idée de deux publics différents mais qui tendent à se fondre. De fait, dans le graphique 4, seuls deux groupes se distinguent nettement: les jeunes de moins de 20 ans et les agriculteurs. Le reste du groupe A, les forts pratiquants, se rapproche nettement de l’énorme groupe B, celui des pratiquants occasionnels. Il garde cependant une relative homogénéité: les jeunes, les ruraux et les groupes disposant d’un bagage éducatif mais inférieur au bac. Bref, on retrouve-là quelques clichés qu’il faut aborder: le bal des jeunes, le bal populaire et le bal des champs.
Enfin, le groupe B se distingue clairement du groupe des non ou faibles pratiquants, lequel se révèle d’ailleurs assez hétéroclite avec deux tendances: les intellectuels, de préférence parisiens, et les personnes âgés.
Source: Ministère de la Culture, 88
Légende du graphique
Code | Groupe A | Code | GROUPE B | Code | GROUPE B | Code | GROUPE C | |
1 | 15-19 ans | 10 | niveau BEPC | 18 | U.U. 20 000 -100 000 hbts | 28 | Niveau études supérieures | |
2 | agriculteurs | 11 | employés | 19 | femmes | 29 | cadres, prof. intellectuelles sup. | |
3 | ouvriers qualifiés | 12 | U. U. < 20 000 hbts | 20 | autres inactifs | 30 | Veufs, divorcés | |
4 | étudiants, élèves | 13 | 25-34 ans | 21 | aucun diplôme, CEP | 31 | retraités | |
5 | niveau CAP | 14 | 35-44 ans | 22 | plus de 100 000 hbts | 32 | Paris | |
6 | célibataire | 14 | 45-54 ans | 23 | professions intermédiaires | 33 | plus de 65 ans | |
7 | ouvriers non qualif., agric. | 15 | hommes | 24 | Niveau bac | |||
8 | 20-24 ans | F | FRANCE | 25 | agglomération parisienne | |||
9 | commune rurale | 16 | vie en couple, marié | 26 | femme au foyer | |||
17 | prof. indépendante | 27 | 55-64 ans |
Mais, si les groupes les plus nombreux dans la population du pays se retrouvent surtout dans le groupe B, on doit s’efforcer d’affiner la description. Deux outils proches nous permettent d’appréhender ce public. La structure des clientèles telle qu’elle ressort de l’enquête de 1981, et la pratique combinée à l’assiduité dans l’enquête de 1988.
Le meilleur cliché que nous puissions avoir de ce public est celui révélé par l'enquête du Ministère de la Culture de 81, présentée dans le graphique 6: on découvre en effet la structure des clientèles, c’est-à-dire la répartition du public par groupe pour 100 pratiquants. On peut d'ailleurs regretter que la précision de l’enquête se dégrade d’enquête en enquête. Cependant ces résultats de 1981 restent valables, à condition de ne pas oublier d’actualiser certaines données démographiques qui ont depuis sensiblement évolué: ainsi le recul du nombre d’agriculteurs. N’oublions pas aussi que les comportements peuvent aussi évoluer; ainsi dans les cas divergents des jeunes et des retraités.
Le graphique 6 met en valeur le poids réel de chaque groupe dans le public, selon son assiduité au bal mais aussi son poids démographique. Si les ruraux et les titulaires d’un diplôme secondaire restent parmi les plus nombreux, leur poids est ainsi relativisé, de même que celui des autres groupes qui émergeaient dans le graphique 5: aucun n’atteint les 40% du public dans la catégorie considérée 243 .
6 séries de 100%.
Source: Ministère de la Culture, 81
V - Nettement surreprésenté dans la clientèle par rapport à sa part dans la population totale
Δ - Nettement sous-représenté dans la clientèle.
Code | Groupe | Code | Groupe | Code | Groupe |
1 | veufs divorcés | 11 | CM agriculteurs | 21 | CM ouvriers qualifiés et contremaîtres |
2 | CM autres inactifs | 12 | ouvriers qualifiés et contremaîtres | 22 | 15-19 ans |
3 | CM cadres sup. et prof. libérales | 13 | CM cadres moyens | 23 | CEP |
4 | agriculteurs | 14 | de 20 000 à 100 000 hbts | 24 | CM OS, manoeuvres, pers. de serv. |
5 | CM petits commerçants et artisans | 15 | de moins de 20 000 hbts | 25 | 40-59 ans |
6 | CM employés | 16 | Bac ou plus | 26 | plus de 100 000 hbts |
7 | cadres moyens | 17 | OS, manoeuvres, pers. de serv. | 27 | rurale |
8 | agglomération parisienne | 18 | 20-24 ans | 28 | 25-39 ans |
9 | Etudiants, élèves | 19 | Femmes au foyer | 29 | célibataires |
10 | employés | 20 | aucun diplôme | 30 | Brevet ou CAP |
Non représentés: gros commerçants et industriels; 70 ans et plus; CM gros commerçants et industriels; cadres sup. et prof. libérales; CM retraités; Paris; 60-69 ans; retraités; petits commerçants et artisans; autres inactifs (moins de 5% des clientèles). Mariés (plus de 60 % des clientèles). |
Ce graphique nuance la présentation faite par le précédent: on voit ainsi plus nettement la place réelle qu’occupe chaque groupe. Retenons dès l’abord le caractère populaire du bal mais aussi son public urbain. La forte pratique des agriculteurs est ainsi considérablement atténuée.
Là encore, ce qui compte c’est le poids des groupes de pratiquants moyens: ces 18 groupes représentent entre 10% et 25% du public de leurs catégories respectives. A l’autre extrémité les groupes non représentés car insignifiants sont sensiblement les mêmes que ceux déjà mis en valeur: les personnes âgées, les parisiens; s’y ajoutent quelques groupes, notamment socio-professionnels, statistiquement très minoritaires dans la population française.
Surtout, il est important de distinguer une autre dimension: la sur ou la sous-représentation dans le public par rapport à la réalité démographique. En effet, à la réalité du public telle qu’elle se dessine au graphique 6, se superpose, à travers cette information mais aussi celles proposées par le graphique 5, la représentation de l’activité qu’en ont les différentes catégories de population.
Enfin, pour être complet, on peut aussi enrichir la description de ces pratiques en l’élargissant aux comportements économiques. Celles-ci, dans l’ensemble confirment ce portrait, mais avec quelques nuances de taille.
C’est ce que montre l’enquête sur la pratique de la danse de l’INSEE, plus précise: 12% des adultes vont danser au moins une fois par mois, dont 4% “presque chaque semaine”. Diverses évaluations reprises dans cette étude permettent d’affirmer que le bal public représente environ la moitié des sorties danse.
Ministère de la culture. Enquête 81. Op. cit.
6 catégories, très traditionnelles, sont ainsi considérées: âge, CSP du chef de ménage, CSP de l’interviewé, taille de l’agglomération, diplôme de fin d'étude, situation de famille. Le sexe a été négligé, bien que la part dans la clientèle des hommes et des femmes soit inversée par rapport à celle qu’ils occupent dans la population totale (52/48%). Pour la même raison, sont éliminés aussi les gens mariés (65% de la population et 60% de la clientèle). Par commodité, ne sont représentés que les groupes qui disposent d’une importance réelle (plus de 5% du public). Ces restrictions expliquent que le total théorique de 600% pour l’ensemble des groupes ne soit pas tout à fait atteint.