Chapitre 5. Une activité économique qui manque singulièrement de rationalité

Par les enjeux qu’elle soulève, plus d’ailleurs que son poids réel, l’économie de la danse n’apparaît pas aussi anodine qu’on pourrait le croire au point qu’il est nécessaire d’y consacrer deux chapitres successifs.

L’objectif est double: à la suite de ce qui précède, on s’efforce de montrer que le bal reste vivace et important. Par ailleurs, il évolue vers des pratiques plus coûteuses avec de fortes nuances régionales. Cela impose auparavant de s’efforcer d’introduire l’idée d’une utilité sociale du bal. En effet, s’intéresser à l’économie de la danse pose plusieurs problèmes: comme l’ensemble des activités artistiques, celle-ci ne répond pas toujours aux critères habituels de l’économie; on peut même parler dans certains cas d’une dépense improductive.

Entretenir le sentiment communautaire justifie-t-il un sacrifice économique relativement conséquent? Une rationalité collective justifierait-elle cette attitude économique surprenante au regard d’une rationalité individuelle ? On rejoint la préoccupation centrale de cette étude...

Pourtant, en général, les économistes ont choisi d’ignorer la contradiction: l’importance du phénomène, même élargi à l’ensemble des activités culturelles voire de loisir, le rendait marginal jusqu’à une époque récente. Aussi, on l’envisageait comme un résidu que la science économique ne pouvait résoudre encore mais qu’à terme, la précision des modèles s’améliorant, on pourrait l’intégrer. Cependant, avec le développement d’une société dite de loisirs, les dimensions économiques du problème changent, il devient difficile de l’ignorer.

En revanche, la question de la dépense improductive a depuis longtemps intéressé les chercheurs d’autres spécialités: anthropologues, sociologues, historiens. On va donc aborder la question par ce biais en montrant l’importance du phénomène.