6-2 Stagnation mais à un bon niveau

La danse collective reste une activité prisée des français. C’est aussi, on va le voir bientôt et insister sur ce sujet, le principal moyen de financement des associations en France. Il importe donc d’évaluer son importance économique. Le bal est un des principaux domaines du monde du spectacle.

Il est certain aussi que le bal est rentable. Patrick Renault ³⁵³ fait ainsi le bilan de son enquête en signalant que "le bal reste un moyen d'animation vivant et rentable: 66% des bals se soldent par un bilan positif (...). Le bal public, dont on prédit régulièrement la mort, se porte donc beaucoup mieux qu'on ne le croit généralement. le nombre de séances a certes diminué depuis quelques années (...) la clientèle des pistes de danses a changé (...) mais les chiffres sont-là qui montrent qu'un bal sur cinq seulement échoue."

Plus récemment, lorsqu’il interroge des chefs d’orchestres à ce sujet, en Limousin, Marchan ³⁵⁴ obtient les mêmes conclusions. De fait, c’est assez logique: l’organisateur engage des sommes conséquentes; si le risque était plus élevé, il est probable que beaucoup abandonneraient et on n’aurait pas un nombre aussi important de bals. Les orchestres dont les tournées sont ici étudiées ³⁵⁵ reviennent souvent dans les mêmes lieux d’une année sur l’autre, gage de succès, d’autant plus net que la plupart des formations étudiées demandent des cachets importants.

A plus petite taille, lors de l’enquête en Haute-Garonne ³⁵⁶ , certains comités des fêtes (par exemple Saint-André) ou associations (à Lodes) ont déclaré organiser un dizaine de bals par an: des échecs répétés les inciteraient à en limiter le nombre.

Le bal est rentable: dans son bilan des perceptions de 1990 ³⁵⁷ (tableau 6) la SACEM reconnaît que les "spectacles avec danse" ont représenté 13,3% de ses gains ³⁵⁸ , lesquels représentaient alors près de 2,5 milliards ³⁵⁹ . Cela place la danse loin devant les autres spectacles (sans danse) qui ne représentent que 8% de ces gains, ou le cinéma (2,2%) et à un niveau proche de celui des perceptions sur la vente de disques et de vidéos (16,5%). En 1997, le montant total des perceptions dans les bals approchait les 112 millions de francs. Pour de nombreux artistes de variétés, ceux qui produisent les tubes, anciens ou récents, c’est une source de revenus majeure. On mesure ainsi mieux l'importance du bal en France.

Tableau 6. L'origine des droits de la SACEM

	Perceptions	1991 (%)		1993 (%)
SPECTACLES AVEC DANSE	312,3	13,32	SPECTACLE VIVANT	8
dont: discothèques	179,3	7,65	(dont bals avec orchestre)
bals avec disques	64,4	2,75
bals avec orchestre	60,6	2,58	DIFFUSION PUBLIQUE DE
cabarets dancing	4,1	0,17	MUSIQUE ENREGISTREE	21
casinos	3,2	0,14	(dont bals avec disques)
SPECTACLES SANS DANSE	187	7,97
CINEMAS	53,2	2,27	CINEMAS	2
TELEVISIONS	452,5	19,30	TELEVISIONS	22
RADIOS	107,2	4,57	RADIOS	7,5
DROITS PHONO ET VIDEO	388,4	16,56	DROITS PHONO ET VIDEO	21,5
DROITS ETRANGER	414,8	17,69	DROITS ETRANGER	17,5
AUTRES	429,56	18,32
TOTAL	2344,96	100		99,5

Source: SACEM, 91 et 94 ; Perceptions en millions de francs

On évoque pourtant souvent une désaffection récente pour la danse; qu’en est-il? Sur une période longue, ces perceptions dans les bals diminuent. Elles représentaient un peu plus de 50 millions de francs en 1977 contre un peu moins de 112 aujourd'hui. Si l'on tient compte de l'érosion monétaire (il faut lui appliquer un coefficient de transformation de 2,65 ³⁶⁰ ), les 50 millions deviennent alors 132,5 millions.

Cela correspond, bien qu’un peu plus marqué, au recul enregistré dans le nombre de séances.