6-6 Des disparités spatiales de comportement économique

6-6-1 De forts contrastes

En France, des inégalités marquées de comportement économique se dessinent. Pour les mettre en valeur, les perceptions moyennes par séance de la SACEM en 1995 sont intéressantes.

La classification adoptée dans la carte 11 utilise quatre niveaux de redevance qui ont une identification spatiale nette, où on retrouve à grands traits la structure démographique et urbaine de la France; réapparaît ainsi le lien déjà mis en valeur (graphique) entre densité et dépense.

Carte 11. La faiblesse de la redevance moyenne à la SACEM par bal en 1995
Carte 11. La faiblesse de la redevance moyenne à la SACEM par bal en 1995

les fortes redevances sont d’abord parisiennes. On distingue deux groupes: la moitié supérieure de l’échantillon à Paris, les autres délégations concernées, à l’exception de Monaco, marginale, sont toutes inférieures à la moyenne de l’échantillon: il s’agit surtout de la Côte d’Azur et des banlieues parisiennes. Les spécificités de ce groupe justifient un paragraphe distinct dans les pages qui suivent, le cas de Montpellier y sera aussi évoqué. Dunkerque s’y trouve pour des raisons statistiques.

Les redevances moyennes sont clairement agrégées en ensembles fortement caractérisés: nord-est, Val de Loire et est du bassin parisien, Rhône-Alpes, basse vallée du Rhône, région toulousaine. A l’exception de Bordeaux, il s’agit des principales villes du pays et des régions les plus urbanisées du pays.

Les redevances faibles, nettement inférieures à la moyenne nationale (de -15 à -35%) concernent le tiers des délégations. On y trouve les délégations centrées autour d’une agglomération majeure, à de rares exceptions près (Clermont-Ferrand, Rennes, Valence et Perpignan). Leur répartition recoupe celle des axes secondaires de population du pays, auxquels s’ajoute la vallée de la Seine, peu pratiquante.

Enfin les très faibles redevances (jusqu’à la moitié du montant moyen national) concernent surtout des régions en grande difficulté socio-économique et démographique qu’il s’agisse de régions du rural profond dont l’armature urbaine se caractérise par sa faiblesse ou de régions en reconversion difficile (Valenciennes, Amiens, St-Etienne). Mais dans ces derniers cas, on peut aussi se demander si cela ne révèle pas que la déstructuration s’étend aux liens sociaux. La situation d’une partie de la Bretagne semble pouvoir être corrélée à la très faible pratique: ce n’est pas une activité très prisée.

Carte 12. Perceptions annuelles de la SACEM par habitant
Carte 12. Perceptions annuelles de la SACEM par habitant

Contrairement à une idée reçue, en matière économique du moins, le bal semble donc bien dépendre d’abord de la taille des villes. Pourtant, on doit s’astreindre à la plus grande prudence car on ne tient pas compte ici de la pratique, fort différente et même souvent inversement proportionnelle à la perception.

Par ailleurs, si on rapporte ces perceptions à la taille de la population concernée (carte 12) cette particularité n’apparaît plus, les principales métropoles, à l’exception du sud de la Capitale, étant même à la traîne ! Dans leurs cas, on peut conclure à l’existence de bals de plus grande taille qu’ailleurs. On retrouve une situation exactement inverse dans les régions plus isolées.

Retenons aussi de ces deux cartes que le niveau des perceptions est important, surtout si on se rappelle que la SACEM ne prélève que quelques pour cent du chiffre d'affaire 375 (tableau 9). Les dépenses sont ainsi évaluées de 7 francs à Saint-Gratien et 160 francs à Gap. Les disparités apparaissent donc extrêmement fortes.

Notes
375.

Rappel: cette évaluation et toutes celles qui suivent sont calculées sur la base d’une redevance moyenne à la SACEM uniforme pour tout le territoire et tous les types de bals de 4,5%.