1-7 Appauvrissement des bals publics

A ce recul du bal public s’ajoute une faiblesse croissante si on considère celui-ci sous son aspect économique. Les redevances à la SACEM y apparaissent modiques et très homogènes. Pourtant, on y trouve les redevances les plus faibles mais aussi les plus fortes.

L’explication de ce paradoxe, qui n’en est pas un, tient à un contraste très net. D’une part les cinq sixièmes des délégations (carte 22) ont des résultats inférieurs à la moyenne, pourtant peu élevée. Dans celles localisées dans l’ouest du Massif Central, la Bretagne, la Bourgogne on tombe même à des niveaux extrêmement modestes -des chiffres d’affaires moyens inférieurs à 10 000 francs- qui laissent supposer de très petits bals locaux comme ceux qu’on retrouve dans l’enquête en Haute-Garonne et la dernière étude de Francis Marchan 487 . S’il est un marqueur des difficultés que connait le bal “classique” en voici un.

D’autre part, se distinguent quelques régions auxquelles nous sommes déjà habitués: Paris toujours, plus nettement différent du reste du pays que jamais. Au-delà, quelques métropoles émergent (Montpellier, Aix-Marseille, Toulouse, Lyon, Cannes) et, comme toujours, l’Alsace plutôt plus dépensière dans ses bals, quelqu’en soit le type.

Carte 22. Redevance moyenne à la SACEM dans les bals en 1995
Carte 22. Redevance moyenne à la SACEM dans les bals en 1995
Carte 23. Evolution de la redevance moyenne à la SACEM dans les bals de 1991 à 1995
Carte 23. Evolution de la redevance moyenne à la SACEM dans les bals de 1991 à 1995

Plus préoccupant encore: le niveau moyen des redevances par séance sur l’ensemble du territoire, déjà peu élevé, est lui-même en baisse: 813 francs en 1991, 778 en 1995 et 634 en 1997. Mais, la situation ne peut se résumer à la présentation d’un déclin, car une étude plus détaillée de la carte 23 montre qu’en fait il faut distinguer deux France:

Celle où les redevances à la SACEM (et donc le chiffre d’affaire) du bal connait un recul marqué, supérieur à 11%, susceptible dans quelques cas d’atteindre même un recul d’un tiers (fréquent dans l’ouest) ou exceptionnellement une division par deux ! Ces régions se concentrent surtout sur la moitié nord du pays et le sud est. Dans ce cas le déclin est indiscutable et s’ajoute à celui du nombre de séances.

Celle où les chiffres d’affaire semble progresser et ce de manière souvent assez nette: Alsace, Bretagne, Paris et sa région, y compris une périphérie est et nord-est fort lointaine, Midi-Pyrénées, et surtout Languedoc et Gironde. Les progrès y sont souvent supérieurs à celui de l’ensemble du bal. Ici, on a affaire à un mouvement de concentration; on évolue vers des bals publics plus rares et plus grands. Ce mouvement est très ancien dans les grandes villes. Une grande partie du pays avait déjà connu le même phénomène, plus précoce et étalé sur une quinzaine d’année (70-85). Il débute à peine dans bon nombre de délégations du sud-ouest.

Cela suscite deux remarques:

Il reste à voir si l’évolution des années qui viennent confirme cette hypothèse. Le rythme des changements récents laisse supposer que cela devrait être rapide. On peut pourtant tempérer ce pessimisme en rappelant que le bal public reste encore le modèle dominant.

Notes
487.

MARCHAN, Francis. Thèse. Op. cit.