2-6 Riches repas dansants

Si le repas dansant se distingue, c’est bien par ses dimensions économiques. Les perceptions moyennes de la SACEM y sont plus élevées: en 1997, 829 francs par séance contre 634 francs dans les bals publics. Cet écart pourrait sembler logique puisque une restauration s’ajoute au bal lui-même et accroît ainsi le chiffre d’affaire mais n’oublions pas que le public est généralement moins nombreux: un grand bal public urbain peut attirer plusieurs milliers de personnes; un repas dansant apparaît gigantesque avec 400 ou 500 convives. La plupart d’entre eux rassemblent 100 à 200 participants contre le double dans les bals publics.

Il faut donc convenir que son public, à la fois plus âgé et souvent plus aisé, dépense des sommes supérieures à celles laissées dans les bals classiques. N’oublions pas qu’il s’agit de ce nouveau public qui fréquente moins le bal, et est prêt à y consacrer, une ou deux fois dans l’année, une dépense supérieure à celle d’un pratiquant assidu; sans oublier des prix probablement plus élevés en ville. Rien de déterminant, mais l’addition de tous ces facteurs permet d’expliquer le décalage.

Il importe néanmoins de se méfier des moyennes trop globales: lorsqu’on s’intéresse en effet à la répartition (carte 28) des redevances moyennes payées par les organisateurs des diverses régions trois cas se présentent:

Carte 28. Redevance moyenne à la SACEM dans les repas dansants en 1995
Carte 28. Redevance moyenne à la SACEM dans les repas dansants en 1995

nr: échantillon non représentatif

A cette première tendance -des repas dansants de nature, et de publics, très différenciés- s’en ajoute une autre, plus générale. Alors que la redevance moyenne prélevée par la SACEM dans les bals publics connait un recul régulier et conséquent (de 813 francs en 1991 à 634 en 1997), celle des repas dansants stagne (de 813 à 829 francs sur la même période). Elle a même connu une très nette hausse puisqu’en 1995, elle s’est élevée à 923 francs; celle-ci ne s’est pas confirmée si bien que la carte 29 est donc à prendre avec prudence. Mais les inégalités spatiales qu’elle met en valeur se révèlent intéressantes. La plupart des délégations sont alors concernées et les exceptions restent minoritaires. Surtout, on voit très nettement se dessiner des aires régionales assez vastes aux comportements homogènes.

Carte 29. Evolution de la redevance moyenne à la SACEM dans les repas dansants entre 1991 et 95
Carte 29. Evolution de la redevance moyenne à la SACEM dans les repas dansants entre 1991 et 95

nr: échantillon non représentatif

Deux situations semblent l’expliquer: un renforcement des régions les plus pratiquantes, aux redevances déjà souvent un peu supérieures aux autres, ainsi à l’ouest ou en Alsace, mais c’est valable pour tout le nord-est. Reste Paris où la danse se porte bien: les perceptions déjà élevées y augmentent fortement, mais les repas dansants ne sont un peu plus fréquents qu’en banlieue où l’évolution est médiocre.

Par ailleurs, quelques îlots se signalent par un rattrapage depuis des niveaux faibles. Mais il s’agit surtout de régions du sud où les repas dansants sont un peu plus fréquents (littoral aquitain par exemple).

Enfin, la zone de forte pratique qui coupe la France en deux depuis la Normandie jusqu’au sud du bassin parisien se signale par un recul. Le même processus pousse à la baisse les résultats de nombre de délégations du Massif Central.

Le principal intérêt de cette carte réside dans sa capacité à mettre en valeur un découplage selon le type de bals: les régions où les repas dansant urbains sont nombreux, du fait d’un réseau de villes plus dense, progressent. Celles où les repas dansants ruraux priment sont en recul. On a déjà signalé ce second type comme proche des bals publics par ses organisateurs et, en partie, son public; voici un nouveau point de convergence.

Une richesse relative donc mais réelle, des repas dansants urbains. Surtout, on met encore en valeur un renforcement des particularités de comportement de grands ensembles régionaux. On va en avoir confirmation.