1-2 Des comportements économiques très régionalisés

Si on élargit le regard à l’ensemble des dépenses des français dans le bal, on peut voir s’esquisser un premier portrait d’ensemble de l’activité qui dépasse la dimension économique. Il est caractérisé par une remarquable régionalisation des comportements (carte 35).

Le groupe 1 est celui du bal de l’est, de Lyon aux Ardennes, bien qu’il s’étende jusqu’en Picardie et Normandie, mais avec des comportements qui sont alors souvent proches de ceux du groupe 3, ou à la périphérie parisienne (gros écarts à la moyenne et proches du groupe 4). Avec 932 francs, c’est le groupe dont la perception moyenne de la SACEM dans l’ensemble des bals est la plus proche de la moyenne française. Les autres caractéristiques recoupent celles qui concernent la pratique: le bal classique y connait des résultats médiocres et déclinants face à des repas dansants florissants, l’utilisation des orchestres, plus rare qu’ailleurs, ne génère pas des revenus très importants malgré des progrès tant en pratique qu’en redevance à la SACEM.

Carte 35. Typologie des comportements économiques dans les bals et repas dansants.
Carte 35. Typologie des comportements économiques dans les bals et repas dansants.
    BALS       REPAS DANSANTS
  Montants Evolution 91-95 MV 91-95 Montants Evolution 91-95 MV 91-95  
Modèle Comportement Relatif Comportement Relatif Comportement Comportement Comportement Relatif Comportement Relatif Comportement Comportement
1 moyens moyens recul + recul fort hausse fort moyen hausse hausse moyen stagn.
2 faible fort hausse hausse moyens recul faible + faible hausse baisse faible hausse
3 faible faible recul recul faible hausse fort moyen moyenne moyenne faible baisse +
4 fort fort hausse hausse fort recul fort fort hausse hausse fort stagn.
Note : pour plus de précision, on distingue comportements (les perceptions par séance de la délégation sont comparées à celles des autres délégations) et comportements relatifs (les perceptions de l’ensemble de la délégation sont comparées à celles des autres délégations dans le même type de bals ou repas dansants). MV: musique vivante (bals avec orchestre)
Paris Est, Ajaccio: repas dansants non pris en compte; Monaco: bals non pris en compte.

Sources: perceptions moyenne à la SACEM, 1991, 1995.

Le groupe 2 est celui du bal du très grand sud: public ou avec repas, c’est un petit bal. La redevance moyenne de 641 francs, au maximum 830 francs (Toulouse et Orléans) n’est que partiellement compensée par l’importante fréquence des bals. Ces bals sont souvent plus “classiques”: malgré des progrès, les repas dansants ne comptent que peu dans l’ensemble, les bals avec orchestre y sont nettement plus nombreux mais peu importants et leur chiffre d’affaire est en recul.

Le groupe 3 est l’autre bal pauvre (682 francs), celui de l’ouest, encore plus homogène: un maximum de 800 francs à Blois et des délégations qui sont très proches, à quelques francs près en général. Deux caractéristiques majeures les distinguent: plus encore que le groupe 2, les bals avec orchestre procurent des revenus réduits mais à la différence de ce dernier, le poids des repas dansants y est nettement plus conséquent, tant par leur taille que leur nombre.

Un sous-groupe original se distingue à l’est, de la Lorraine à la Franche-Comté, avec des bals un peu plus riches et ce surtout au profit des bals avec orchestre. A l’inverse, les franges normandes comme celles du Pas de Calais se rapprochent nettement des moyennes évoquées pour le groupe 1: Caen, Arras et Creil, comme Amiens et Le Havre plus haut, sont à quasi égale distance statistique, très proches des deux modèles.

Le groupe 4 est celui des bals riches. Deux ensembles assez différents le composent: l’Alsace (970 francs) et la région parisienne (2575 francs). Dans le premier, la plupart des indicateurs sont élevés et en hausse. Dans le second, le profil est semblable mais à un niveau plus important encore. Les deux se caractérisent par le poids des bals plus classiques et de ceux avec orchestre en particulier. Montpellier est à part et se distingue de sa région tant par le niveau de perception (double) que la pratique (moins d’orchestres, moins de bals).

L’approche par l’économie reste limitée; les cartes 7 et 9 nous fournissent d’autres éléments mais se révèlent insuffisantes: seule est prise ici en compte l’intensité de la fréquence des bals et repas dansants. D’autres particularités, bien que secondaires, n’en sont pas moins révélatrices de comportements spécifiques: la pratiques orchestrale par exemple. Afin d’en tenir compte, une synthèse complète semble nécessaire.