3-1-2 La définition statistique des espaces de vie

Depuis 1996, l’INSEE a adopté une nouvelle nomenclature spatiale pour la France métropolitaine: le zonage en aires urbaines (ZAU). Elle a pour but de donner une définition précise des villes et de leurs zones d'influence en proposant différentes limites de celles-ci. Sans abandonner certains critères de définition morphologiques toujours utilisés pour définir les unités urbaines, on distingue donc les espaces à dominante urbaine et rurale qui sont respectivement composés de :

Pôles urbains : unité urbaine offrant 5 000 emplois ou plus et n'appartenant pas à la couronne périurbaine d'un autre pôle urbain.

Aires urbaines : ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain et par des communes rurales ou unités urbaines dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle urbain ou dans des communes attirées par celui-ci.

Couronnes périurbaines : (d'un pôle urbain) formées de l'ensemble des communes de l'aire urbaine à l'exclusion de son pôle urbain.

Communes multipolarisées : communes rurales et unités urbaines situées hors des aires urbaines, dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d'entre elles, et qui forment avec elles un ensemble d'un seul tenant.

Communes périurbaines : communes des couronnes périurbaines et communes multipolarisées.

En 1990, l'espace à dominante urbaine représente 43 millions d'habitants dont 9 millions dans les communes périurbaines, sur à peine 30 % du territoire.

L'espace à dominante rurale représente 13 millions de personnes réparties sur quelque 21 000 communes rurales et un peu moins de 1000 unités urbaines soit plus des deux tiers du territoire. Il est défini par différentes catégories de communes:

Les pôles ruraux : unités urbaines ou communes rurales appartenant à l'espace à dominante rurale, offrant de 2 000 à moins de 5 000 emplois et dont le nombre d'emplois offerts est supérieur ou égal au nombre d'actifs résidents.

Le rural sous faible influence urbaine : communes rurales et unités urbaines appartenant à l'espace à dominante rurale, qui ne sont pas pôle rural et dont 20 % ou plus des actifs résidents travaillent dans des aires urbaines.

La périphérie des pôles ruraux : communes rurales et unités urbaines de l'espace à dominante rurale, n'étant ni pôle rural, ni sous faible influence urbaine, et dont 20 % ou plus des actifs résidents travaillent dans les pôles ruraux.

Le rural isolé : communes rurales et unités urbaines appartenant à l'espace à dominante rurale et n'étant ni pôle rural, ni sous faible influence urbaine, ni périphérie des pôles ruraux.

Leur cartographie (cartes 48 et 49) permet de dessiner une France largement urbanisée, mais plus contrastée que celle mise en valeur selon l’ancienne représentation en unités urbaines et ZPIU: l’ensemble du rural voit sa part dans la population diminuer un peu mais celle du rural profond, peu dense, s’accroît de près de 50 % en devenant rural isolé, ce qui contribue à en élargir les aires.

Carte 48. L’espace à dominante urbaine
Carte 48. L’espace à dominante urbaine
Carte 49. L’espace à dominante rurale
Carte 49. L’espace à dominante rurale

Dans le cadre de notre étude, ces définitions ne correspondent pas à celles que nous retenons. Mais, malgré des réserves, leur délimitation se révèle proche de ce que nous tentons d’appréhender:

  • Les pôles urbains sont appelés ville-centre ou ville dense selon qu’on insiste plus sur l’aspect fonctionnel ou morphologique.
  • Les espaces à dominante rurale, y compris le rural sous faible influence urbaine malgré son caractère ambigu, sous l’appellation générique de rural. On retrouve dans les pôles ruraux les bourgs ou petites villes en milieu rural.
  • Les communes multipolarisées et communes périurbaines dénommées périurbain ou périphéries urbaines.

La restriction majeure concerne les pôles urbains dont une part conséquente de la population, variable selon les situations, ont un comportement qui les rattache au périurbain. Pour Toulouse ou Bordeaux cela dépasse sûrement la moitié de leurs habitants. Cette restriction est renforcée quand la taille des villes décroît: pour les plus petites (dès 40 à 100 000 habitants selon les situations !) il est difficile de parler de comportement urbain tel qu’on le décrit dans cette étude sauf pour certains groupes sociaux très circonscrits ou seulement à l’occasion de certaines manifestations dans l’année.

Cela explique certaines contradictions: des taux de pratiques (tableau 5; graphiques 5 et 7) plus faibles que ne le laissent supposer les données de la SACEM dans des délégations où une, voire plusieurs agglomérations comptent beaucoup dans la population. Les cas de Toulouse ou Clermont-Ferrand l’illustrent bien.

Il en découle que périurbain se révèle bien plus important que figuré, notamment dans les aires urbaines les plus étendues (à l’exception de celles de Paris et - moins marqué car coupée en deux délégations - Marseille). C’est bien sûr encore plus net dans celles de taille moyenne ou petite. Cette précision permet ainsi de comprendre qu’une majorité des nombreux repas dansants soit attribuée au périurbain.

La seconde restriction incite à éviter d’avoir une vision trop tranchée: la situation a évolué depuis 1990, renforçant le périurbain à un rythme qui correspond d’ailleurs à celui du renforcement des repas dansants.

De plus, les comportements individuels ou collectifs peuvent varier. Malgré l’exemple donné pour la délégation de Saint-Etienne, le passage d’une catégorie à l’autre n’est que rarement une frontière mais le plus souvent une transition: un comportement individuel peut varier selon les manifestations; certains groupes ne vont qu’aux repas dansants quand les autres sont spécialisés sur les bals publics. La diversité est la règle.

Enfin, un problème pratique se pose il n’est pas possible de disposer d’agrégation des effectifs des différentes catégories de population par département. C’est logique puisque la vocation de cette nouvelle définition est justement de dépasser les cadres administratifs et juridiques. On peut pourtant le regretter car cela nous aurait permis des comparaisons sur une base départementale avec d’autres données concernant le bal. Aussi, on utilise également la carte 50 qui met en valeur le rural selon l’ancienne définition (rural profond et rural en ZPIU). D’autres représentations plus fines, tirées du recensement de 1982, sont également disponibles à l’annexe 5.