4-2 Décalage entre pratique théorique et pratique réelle

Le bal joue un rôle social indiscutable dans une grande partie de la région. Mais la réalité de la pratique (cartes 7, 9, 12 et 36) et le modèle théorique ne coïncident pas. Dans ce dernier, la multiplication de variables parfois contradictoires peut lisser les résultats. Pour éviter ce risque de dilution sont donc proposés plusieurs niveaux d’étude afin d'exacerber les contrastes. Mais les résultats (cartes 52) varient peu.

Cela reste valable même si on limite la liste des marqueurs: dans l’une (carte 52-2) aux plus représentatifs, une part du public supérieure à leur part dans la population; dans l’autre (carte 52-3) aux six majeurs.

Carte 52. Pratique théorique du bal dans la région SACEM de Lyon
Carte 52. Pratique théorique du bal dans la région SACEM de Lyon

Dans l'est de la région une forte pratique supposée en Haute Savoie et en Isère, assez fortes dans toutes les zones très urbanisées, s’oppose à des situations de faible ou très faible pratique théorique dans le Massif Central. On a ainsi une carte des pratiques supposées pratiquement inverse de celle des pratiques réelles ! Lyon, où l'on ne danse que fort peu, présentant ainsi de meilleures dispositions théoriques que Valence, Clermont-Ferrand ou Chalon-sur-Saône !

Doit-on en conséquence considérer que la composition socio-démographique du public n’intervient pas ? Ce serait surement trop rapide. Plusieurs explications sont possibles: s'agit-il d'une prévalence culturelle sur les déterminismes socio-démographiques ? Cette étude montre qu’on peut en douter. La pratique du bal ne ressort que du hasard ? Il semble cependant que la forte spécificité régionale de chaque pratique amène à éliminer cette hypothèse. Le poids de certains marqueurs influents (jeunesse de la population, prépondérance des ouvriers) fausse l'étude en écrasant des groupes moins importants, mais peut-être tout aussi représentatifs. Cela impose alors un regard au cas par cas.

Au passage, cela amène aussi à réfléchir à l'utilisation souvent exclusive des catégories socio-professionnelles dans les études de sciences humaines. Même si les données sont d’excellente qualité comme celles utilisées ici, les profils de population type pour telle ou telle activité doivent être considérés comme des représentations du réel et à ce titre susciter autant de prudence que toute autre représentation.

Ce poids limité du public dans la structuration des comportements amène à se demander si certains groupes sociaux ne jouent pas un rôle plus important que d’autres. On peut donc essayer de reprendre cette confrontation sous un autre angle en recherchant les groupes dont la répartition est proche de celle des pratiques.