5-2-3 Les grands bals urbains

Les bals de société, urbains ou périurbains, sont nettement plus fermés. Une première remarque s’impose: l’interconnaissance entre participants est moindre. Mais selon la taille du bal et l’organisateur, deux situations se présentent. Tout d’abord dans les bals importants, plus urbains, on ne trouvera pas à l’intérieur du public de noyau très net mais plutôt des groupes qui dans les repas dansants se retrouvent souvent autour des mêmes tables (fig. 8). On connaît très bien les membres de ce groupe mais assez peu ceux des autres groupes.

Très souvent, mais pas systématiquement, l’isotropie théorique d’origine du public est contrebalancée par la spatialisation de certains groupes qui amène pour d’autres raisons (différenciation sociale dans la ville, réseaux de relations personnelles de proximité plus dense) certains quartiers à être surreprésentés quand d’autres sont pratiquement absents (en général quartiers populaires d’habitat collectif). Ces groupes n’ont que peu de liens entre eux, sinon parfois un sentiment commun d’appartenir à une élite locale. Il ne s’agit donc pas d’une véritable réseau, sauf pour les participants proches des organisateurs, très minoritaires dans l’ensemble.

Ces caractéristiques sont particulièrement celles des grandes associations à vocation générale, surtout si elles sont marquées socialement: Croix Rouge ou Rotary un peu partout, mais, plus fréquent, ces différences apparaissent comme subtiles, par exemple la très nette différenciation à Toulouse entre les clubs de supporters du football et ceux du rugby, voire, pour une même équipe, entre différents clubs de supporters 692 .

Figure 8. L’aire de recrutement du public dans les bals d’association urbains de grande taille
Figure 8. L’aire de recrutement du public dans les bals d’association urbains de grande taille

On retrouve les même caractéristiques dans les bals professionnels. Elles sont même renforcées: ainsi le bal de la police à Toul ou Rive-de-Gier. Le public vient d’une aire beaucoup plus vaste qui déborde assez largement de l’agglomération et paradoxalement se connait moins qu’on pourrait le croire: on est venu attiré par la publicité et parce que c’est un bal prestigieux dans la région. Seule différence: le noyau qui entoure les organisateurs est plus étoffé. Mais, dans le cas spécifique qui nous intéresse, celui-ci n’a pas grande attache spatiale en général: leur implantation ne correspond qu’à celle de la police dans la région et n’est pas représentative d’un enracinement, si ce n’est la présence de quelques élus locaux.

A l’exception des bals de 14-juillet, ces bals manquent donc de structuration spatiale. S’ils se définissent, c’est par rapport à une agglomération voire une petite région urbaine mais c’est rarement identitaire, sauf pour rivaliser avec Paris dans les plus prestigieux. Un grand événement sportif sera beaucoup plus l’occasion de se situer dans la ville. C’est d’ailleurs l’exemple, cité en introduction, de ceux liés à la Coupe du Monde de football, qui permet de distinguer un peu les villes du midi où ces bals fortement symboliques sont moins rares: à Toulouse, cinq à six bals de ce type sont chaque année organisés Place du Capitole. A Istres ou Fos-sur-Mer, on constate aussi leur maintien. Mais il s’agit de bals publics, plus de bals d’association...

Notes
692.

BROMBERGER, Christian. Op. cit.