III Fêlure

Dans The Crack-Up, Fitzgerald déclare : "'The crack's in me,' [...]", pour lui, ce gouffre est même comparable au Grand Canyon(CU 44). Il semble que l'auteur ait infusé un peu de cette conscience de la fêlure chez tous ses héros et qu'elle constitue par conséquent une facette essentielle de sa fiction. Pris dans un tourbillon effréné de brisures, le héros prend progressivement conscience de sa propre déchirure et s'en trouve profondément perturbé. En outre, au-delà de cette perception individuelle d'une fêlure nerveuse, l'auteur dresse un portrait psychologique de l'être humain qui saisit des caractéristiques fondamentales que seule la psychanalyse moderne a su verbaliser clairement, mais qu'il a réussi à mettre en scène, sans en être vraiment conscient, par le jeu de sa fiction.

A l'image de "l'homme double", figure récurrente de la littérature des années trente326, le héros fitzgeraldien apparaît comme profondément divisé, ce qui finalement provoquera un craquement ultime et déterminant. Dick, qui est lui habitué à jongler avec les "coquilles brisées" (T 177) des malades mentaux et leur "personnalité divisée" (T 191), est le plus touché327. Il oscille entre un Dick moral et social et un Dick pulsionnel et animal, jusqu'au jour où il ne saura plus maintenir un équilibre entre les deux et dévoilera qu'il n'avait érigé qu'une façade aux yeux du monde. Le Dick social est celui du début du roman, celui qui est admiré de tous, surtout de Rosemary, car il paraît si achevé : "But Dick Diver -he was all complete there. Silently she admired him." (T 18). Flatteuse et conquise, elle lui dira plus tard : "'You like to help everybody, don't you?'" (T 84). Il déteint d'ailleurs sur son propre couple qui donne alors une image de perfection. Quand Rosemary les rencontre pour la première fois, elle est complètement subjuguée comme s'ils étaient des "silhouettes charmantes dans un ballet" (T 42) :

‘Her naïveté responded whole-heartedly to the expensive simplicity of the Divers, unaware of its complexity and its lack of innocence, unaware that it was all a selection of quality rather than quantity from the run of the world's bazaar; and that the simplicity of behavior also, the nursery-like peace and good will, the emphasis on the simpler virtues, was part of a desperate bargain with the gods and had been attained through struggles she could not have guessed at (T 20).’

Elle les imagine sans désir, "[...] as people without personal exigencies -as something cooler.", et est tout étonnée de surprendre une conversation qui le trahit (T 53). Elle est perturbée par leur attachement car elle s'imaginait que toute leur énergie était consacrée aux autres :

‘She had thought however it was a rather cooled relation, and actually rather like the love of herself and her mother. When people have so much for outsiders didn't it indicate a lack of inner intensity (T 75)?’

Francisco gardera lui aussi un souvenir enchanteur de sa soirée chez les Diver, il confiera à Dick beaucoup plus tard : "'-how nice you and your wife were. [...] I've always thought of it as the most civilized gathering of people that I have ever known.'" (T 244). A l'image de Gatsby, dont Daisy admire le calme rafraîchissant lors de la vague de chaleur328, Dick prétend être le seul Américain faisant preuve de décontraction : "-Dick said no American men had any repose, except himself [...]" (T 50). Quant à Baby, malgré son aversion pour son beau-frère, elle reconnaîtra : "'Dick, you've always had such beautiful manners,' [...]" (T 178). Lee M.Whitehead démontre, lui, que les personnages de Tender peuvent se diviser entre ceux dont la personnalité est dominée par le "Me" et ceux dont elle est dominée par le "I", Dick étant de la première catégorie car sa personnalité est composée d'un assemblage d'attitudes provenant des autres, tandis que Nicole se situerait, elle, dans la seconde catégorie car elle est toujours dans l'action, l'impulsif, l'individu biologique constituant la base de son personnage. Selon Whitehead, l'équilibre entre ces deux tendances serait le but à atteindre pour une meilleure harmonie de chacun329.

Derrière ce Dick social se cache cependant un Dick beaucoup plus pulsionnel qui aimerait céder aux plaisirs de la "joie de vivre"330. Si Rosemary remarque que c'est Tommy Barban qui est le moins civilisé du groupe (T 17), en fait, derrière son vernis social, Dick recèle aussi un désir de céder à une certaine sauvagerie et à un abandon aux instincts. Sur les traces de Rosemary, en direction des studios de "Films Par Excellence", il sent qu'il bascule du côté du pulsionnel : "Dignified in his fine clothes, with their fine accessories, he was yet swayed and driven as an animal." (T 91). Plus tard, l'image du loup dissimulé derrière l'agneau reprend cette idée de la présence de l'animal derrière le personnage social : "Wolf-like under his sheep's clothing of long-staple Australian wool, he considered the world of pleasure-" (T 195). De la même façon, Gloria compare Anthony à un loup : "'You're a Russian wolfhound.'" (BD 125). Cette animalité masculine correspond d'ailleurs à celle effrayante de la femme qu'Anthony entend hurler la veille de son mariage (BD 149-150). Obsédée par la propreté, Gloria soutient l'idée suivante :

‘Unless a girl's very young and brave it's almost impossible for her to go down-hill without a certain hysterical animality, the cunning, dirty sort of animality (BD 235).’

Sous la pression de la peur, mais aussi de la tension nerveuse, le héros se résume à un corps perturbé, comme lorsque Dick apprend la mort de son père :

‘He felt a sharp wince at the shock, a gathering of the forces of resistance; then it rolled up through his loins and stomach and throat (T 203).’

Les nerfs sont fragiles, ils risquent continuellement la rupture. A l'armée, Anthony est aux limites de sa résistance : "[...] his already taut nerves tightened up to the breaking point." (BD 351). Après sa rupture avec Rosalind, Amory, quant à lui, se retrouve décomposé : "[...] he was emotionally worn out." (S 191). Dans Tender, c'est à un moment où leurs nerfs sont fatigués que Dick cède aux baisers de Rosemary :

‘They were both in the gray gentle world of a mild hangover of fatigue when the nerves relax in bunches like piano strings, and crackle suddenly like wicker chair. Nerves so raw and tender must surely join other nerves, lips to lips, breast to breast... (T 74).’

Afin de pallier ce risque de bascule vers l'instinctif et le pulsionnel, le héros fitzgeraldien joue un rôle d'acteur, mais aussi de metteur en scène en exerçant un continuel contrôle sur lui-même et sur les autres. A la fin de The Beautiful, quand le couple Patch a complètement échoué, Anthony et Gloria deviennent semblables à des comédiens en déroute : "Within another year Anthony and Gloria had become like players who had lost their costumes, lacking the pride to continue on the note of tragedy-" (BD 405). Pour Gatsby, et plus encore pour Dick, l'utilisation constante d'artifices théâtraux est le moyen de dissimuler la vérité. Gatsby présente à ses invités l'image parfaite d'un homme élégant, riche et sobre alors qu'il a des origines médiocres, des activités illicites et l'unique intention de récupérer la femme d'un autre. Il éblouit le narrateur de ses aventures dans un récit digne du meilleur des conteurs puisque finalement Nick est subjugué et capitule : "Then it was all true." (GG 73). Plus tard, confronté à l'échec du héros, Nick conclura : "[...] the long secret extravaganza was played out." (GG 154). Le terme "extravaganza", qui peut se traduire par "spectacle somptueux", indique clairement qu'il s'agissait tout du long d'une performance d'acteur où finalement rien n'était réel. Tout comme les fêtes de Gatsby, les soirées à la Villa Diana sont des mises en scène parfaitement orchestrées. A la perspective de sa soirée chez les Diver, Rosemary se croit sur un plateau de cinéma : "Rosemary was thinking that the Villa Diana was the center of the world. On such a stage some memorable thing was sure to happen." (T 28). Un peu plus tard, la table semble se transformer en piste de danse, "a mechanical dancing platform" (T 33). Dick est un grand metteur en scène, "[...] he had for many years pretended to a rigid domesticity [...]" (T 170) ; Gatsby pense, lui, pouvoir tout régenter : "'I'm going to fix everything just the way it was before,' [...]" (GG 117). Le vocabulaire du théâtre et de la mise en scène est particulièrement développé à propos de Dick. Dès le début du roman, on le voit en pleine action devant ses amis sur la plage : "[he] was giving a little performance [...]" (T 4). D'ailleurs Mrs McKisco déclare tout de suite à Rosemary : "'We thought maybe you were in the plot,' [...]" (T 6). Plus tard, à Paris, une femme remarque à propos des Diver : "'Oh, they give a good show,' [...]. 'Practically the best show in Paris-'" (T 72). Lors de l'épisode du meurtre de la gare, le héros poursuit sa mise en scène : "[...] he was showing off for Rosemary." (T 84). Très vite la jeune fille reconnaît en Dick son égal et lui déclare : "'Oh, we're such actors -you and I.'" (T 105), elle essayera d'ailleurs de lui faire faire un bout d'essai avec l'idée qu'ils pourraient tourner dans un film commun (T 69-70). Dans le même esprit, à Rome, une actrice prend Dick pour un confrère arrivé de Londres depuis peu (T 213). A Naples, il semble se mettre en scène dans un rôle chevaleresque en secourant une mère et ses deux filles en perdition :

‘He pretended they were this and that, and falling in with his own plot, and drinking too much to sustain the illusion, and all this time the women thought only that this was a windfall from heaven (T 207).’

Ce verbe "pretend" revient chaque fois que Dick tente de camoufler ses instincts derrière un comportement social apparemment impeccable. Rosemary admire l'aide qu'il semble aimer fournir aux autres, mais commençant à avouer ses parades, Dick lui répond : "'I only pretend to.'" (T 84). Parfois il s'illusionne encore : "He was keeping up to the end the pretense that he could still think objectively about Rosemary." (T 163). Quand Franz rejoint Dick à la montagne, le héros feint la décontraction : "Dick [...] pretended [...] that he was clipping off a half-hour from an endless roll of pleasures." (T 172-173). Il utilise également le substantif "trick" pour dévoiler sa vraie nature, il avoue à Mrs Speers : "'My politeness is a trick of the heart.'" (T 163). A Baby qui loue ses qualités d'hôte et d'amuseur, il réplique : "'It's a trick,' [...]" (T 216). Il semble d'ailleurs que Nicole ait parfois du mal à le suivre dans ses facéties. Lors de son monologue intérieur, elle se rebelle : "If you want to turn things topsy-turvy, all right, but must your Nicole follow you walking on her hands, darling?" (T 161).

Le contrôle de soi est indispensable pour cacher la présence perturbante d'instincts qui ne sont ni moraux, ni sociaux. Gatsby est extrêmement poli, particulièrement sobre et retenu dans ses manières, "'He doesn't want any trouble with anybody.'" affirme l'invitée qui a déchiré sa robe à l'une de ses fêtes et à qui il en a adressé une nouvelle somptueuse (GG 49). De la même manière, quand il souhaite rencontrer Daisy chez Nick, il fait intervenir Jordan car déclare-t-il : "'I don't want to do anything out of the way!'" (GG 86). Il redira ensuite à Nick : "'I don't want to put you to any trouble.'" (GG 88). Dick s'est lui forgé une carapace capable de le protéger du monde extérieur et de lui permettre de continuer à jouer son petit rôle d'hôte délicat et insouciant, si ce n'est du confort de ses amis : "[... Rosemary] felt the layer of hardness in him, of self-control and of self-discipline [...]" (T 18). Pour la sauvegarde de la santé de Nicole, il ne peut pas laisser deviner ses faiblesses : "Before her he must keep up a perfect front, now and tomorrow, next week and next year." (T 165). A ses malades, il recommande la même attitude, le contrôle de soi, même à ceux qui de toute évidence n'en sont plus capables. Lors de la crise de Nicole à Paris, il répète "'Control yourself!'" (T 112) ; puis, à la fête foraine, il lui demande : "'Why did you lose control of yourself like that?'" (T 189). Il lui a d'ailleurs inculqué la maxime austère suivante : "work is everything" (T 161). Il administre le même genre de conseils ascétiques à ses patients. Au jeune Chilien homosexuel, il recommande de contrôler sa sensualité (T 243) et il fait la morale à la femme de la chambre vingt : "'We must all try to be good,' [...]" (T 185). Manifestement, le plaisir tient peu de place dans son univers. Nicole s'est laissée aveugler par sa résistance apparente : "[...] she had thought of him really as an inexhaustible energy, incapable of fatigue-" (T 298). Les années de mariage du couple Diver ont en réalité été six années d'efforts pour Dick (T 91). Pourtant, dès leur rencontre, la double facette de l'homme était évidente : "[...] she looked into his face that always tried to discipline itself into molds of attentive seriousness, after excursions into joys and mockeries of its own." (T 141). Tel un acteur, il souhaite cependant baisser le rideau quand il juge la pièce terminée afin de ne pas voir la réalité et surtout de ne pas la laisser voir aux autres. Il ne veut pas accepter les révélations de Collis Clay sur Rosemary, il ne veut pas non plus se voir dans le rôle de son amant et se répète inlassablement : "-Do you mind if I pull down the curtain?" (T 88). En fait, il ne peut accepter de reconnaître sa propre division et sa bascule vers la dissipation.

La plénitude et la complétude sont des leurres qui ne résistent ni au temps, ni aux épreuves. Alors que l'on ne saurait deviner une fêlure en Dick au commencement du roman, elle est pourtant là en germe et l'on peut déjà anticiper un effondrement. Bien vite, viendra une réponse à l'interrogation suivante : "Where then is the break in this continuity? What the fissure through which one sees disaster?"331. Au début de son mariage, Dick est le médecin, celui qui soulage et rassure, il est le réconfort de son épouse et de ses amis, mais bientôt déjà il tend à rejeter cette tâche austère puisqu'il se présente à l'hôtel comme "Mr and Mrs Diver" et non "Doctor and Mrs Diver" (T 161) ; de plus, il abandonne progressivement ses recherches et son travail à la clinique (T 61,254). A Rosemary qui l'interrogeait sur les travaux qu'il avait abandonnés, il répondait déjà dès le début du roman : "'Nothing of importance.'" (T 62). La rencontre avec la jeune fille catalysera son désir de s'abandonner à la "joie de vivre"332 et d'oublier son rôle sérieux de médecin. Il lutte un temps pour préserver les "bons instincts" (T 204) hérités de son père, mais à la mort de celui-ci il comprend son échec : "[...] remembering so many things [...], and wishing he had always been as good as he had intended to be." (T 204). Son rêve de jeunesse s'est écroulé :

‘[...] he wanted to be good, he wanted to be kind, he wanted to be brave and wise, but it was all pretty difficult. He wanted to be loved, too, if he could fit it in (T 132).’

Son associé, Franz, remarquera judicieusement au moment de leur séparation professionnelle : "'-I have seen this coming.'" (T 254). Ce qui arrive est une capitulation du héros vis-à-vis d'un aspect de lui-même qu'il essayait de dominer. Lui qui souhaitait apparaître comme un être entier, doit reconnaître son manque et accepter de renoncer à une illusion : "the old dream of being an entire man"(CU 55). Névrosé, il refusait de se montrer comme désirant et s'offrait lui-même aux autres333; il découvre maintenant ce désir physique qui n'est pas l'amour et s'en trouve profondément perturbé. Bien sûr, ce ne sera que dans l'excès qu'il aura accès à sa vérité et il en est d'autant plus troublé. Confronté à la décomposition de son corps d'homme vieillissant et à sa vie dissipée, il perçoit la réalité de sa division.

Le désir trahit sa présence dans le symptôme de désintégration du héros. La perdition et la ruine de ce dernier disent un désir qui n'a pas su s'exprimer auparavant, ainsi A.R.Lee fait les observations suivantes :

‘[Gatsby] invites an exploration of certain perennials within the human condition -the interplay between 'dream' and 'foul dust', or, to use a newer idiom, between desire and its consequences334.’

B.L.Grenberg remarque que la génération de Rosemary a subi une perte grave, c'est la génération du désir personnel inassouvi335, thème qui est au coeur même de la fiction de Fitzgerald. Malgré ses efforts, le héros fitzgeraldien bascule vers le pulsionnel, abandonnant la façade morale prévue pour son entourage. Différents symptômes attestent alors du désir qui le ronge ; il manifestera une simple agitation incontrôlable, une faiblesse pour l'alcool et les femmes, ou une extrême nervosité, voire un plongeon dans la folie, mais trahira d'une façon ou d'une autre la présence d'un désir inhérent à sa personne.

Le motif de l'agitation, qui est le symptôme le moindre, est essentiel dans la fiction de Fitzgerald. L'adjectif "restless" semble caractériser la plupart des personnages, d'ailleurs dans Paradise, l'auteur l'attribue à sa génération tout entière par l'intermédiaire de son héros : "'I'm restless. My whole generation is restless.'" (S 251), "'I simply state that I'm a product of a versatile mind in a restless generation- [...]'" (S 252). Un sous-chapitre est d'ailleurs intitulé "Restlessness" (S 193-197). A propos de Gatsby, Nick fait les remarques suivantes :

‘He was balancing himself on the dashboard of his car with that resourcefulness of movement that is so peculiarly American- [...]. This quality was continually breaking through his punctilious manner in the shape of restlessness. He was never quite still; there was always a tapping foot somewhere or the impatient opening and closing of a hand (GG 70).’

Monroe Stahr non plus ne s'arrête jamais, "He was born sleepless, without a talent for rest or the desire for it." (LT 23). Même son médecin ne sait comment le forcer au repos : "You couldn't persuade a man like Stahr to stop and lie down and look at the sky for six months." (LT 128). Dès le début de The Beautiful, l'auteur remarque à propos de son héros : "And Anthony, nervous as a will-o'-the-wisp, restless -he is at rest now." (BD 20) ; même son âme est en émoi : "[his] restless soul" (BD 44). Gloria est également affligée de cette caractéristique : "Gloria, accustomed to an engagement every night, would feel the old restlessness creeping over her." (BD 376). Nous l'avons déjà remarqué, Dick se vante, lui, d'être le seul Américain décontracté, "with repose" (T 51), cependant, comme la plupart des personnages fitzgeraldiens, il passe son temps à voyager d'un continent à l'autre. Cette errance de voyageur sans répit s'inscrit également dans un schéma d'agitation incontrôlable. Le désir qui agite tous ces personnages indique qu'au coeur de l'être parlant il y a une faille336. Cette agitation et cette errance des héros de Fitzgerald sont donc une vaine tentative pour combler cette béance initiale337. Elles s'avèrent être un signal d'alarme du trouble causé par le désir et du malaise qu'implique la perception de cette fracture initiale impossible à combler.

Dans The Crack-Up, l'auteur évoque "la désintégration de la personnalité" (CU 46). Cette décomposition de l'individu est une marque plus violente que l'agitation précédemment observée de la force du désir inassouvi. Dans Tender, Abe North, personnage miroir du héros, va être le premier à succomber et à subir ruine morale et désintégration physique et psychologique. Fatigué, il n'a plus la force d'exprimer un désir quelconque bien que ce soit ce qui le ronge ; il tente encore de dire son malaise à Nicole tout en annonçant déjà celui de Dick :

‘"I'm tired of you both, but it doesn't show because you're even more tired of me- you know what I mean. If I had any enthusiasm, I'd go on to new people." (T 80).’

A Nicole qui lui réplique : "'I can't see why you've given up about everything.'" (T 81), il répond : "'I suppose I got bored'" (T 81), puis il exprime sa profonde lassitude : "'Tired of women's worlds,' [...]" (T 81). Progressivement Nicole ne supportera plus son comportement : "Abe's bizarre reappearance made it plain to her how fatigued she was with his dissipation." (T 97). Par la suite, elle se détachera de Dick pour les mêmes raisons. A la gare, il est presque méconnaissable, ses nerfs sont complètement brisés : "[...] it would have taken nervous forces out of his control to use any other part of his body [than his eyes]." (T 79). Il est maintenant une épave : "the wreck of a galleon" (T 82).

Dick va progressivement suivre le même chemin qu'Abe jusqu'à ce stade de désintégration qui est le symptôme révélant son désir. Son plongeon vers le pulsionnel lui donne l'impression de découvrir un autre lui-même plus fort que sa volonté. A Rome, après son passage en prison, sa vie prend une nouvelle tournure : "He would be a different person henceforward, and in his raw state he had bizarre feelings of what the new self would be." (T 234). Cet état révèle ses instincts les plus primaires qui étaient bridés jusqu'alors. Plus loin, il tentera d'excuser son comportement impoli chez Mary North en disant : "'Excuse me again. I'm not much like myself any more.'" (T 258). En réalité, il est lui-même, mais c'est un autre aspect de lui-même qui se manifeste et il ne s'y reconnaît pas encore. Au fur et à mesure, Dick, l'ancienne coqueluche de la bonne société, s'isole et souhaite la solitude :

‘Dick didn't want to talk -he wanted to be alone so that his thoughts about work and the future would overpower his thoughts of love and to-day (T 169).’

Il réclame à Franz l'autorisation de s'absenter pour partir seul, son associé comprend qu'il veut un congé de type particulier : "a real leave of abstinence" (T 194). Le jeu de mots indique les vrais besoins du héros : il ne peut plus se cantonner dans son rôle de soigneur des autres, il a besoin de laisser s'exprimer ses pulsions les plus enfouies, il doit quitter l'abstinence imposée jusqu'alors. Progressivement il se transforme et, petit à petit, son entourage commence à le remarquer :

‘[Nicole] guessed that something was developing behind the silence, behind the hard, blue eyes, the almost unnatural interest in the children. Uncharacteristic bursts of temper surprised her -he would suddenly unroll a long scroll of contempt for some person, race, class, way of life, way of thinking. It was as though an incalculable story was telling itself inside him, about which she could only guess at in the moments when it broke through the surface (T 265).’

Pour la femme de Franz, Dick est perdu : "'Dick is no longer a serious man.'" (T 239). Elle a remarqué les traces du changement de son comportement sur le corps du héros: "'Did you see around his eyes? He's been on a debauch!'" (T 239). Lady Caroline, qui n'est pourtant pas un exemple de vertu, le traite très sévèrement : "'You're an insanity doctor, aren't you?'" (T 302). Rosemary se souvient, elle, que, lors d'une traversée de l'Atlantique, elle avait entendu des commentaires déplaisants : "[...] it was remarked that Baby's younger sister had thrown herself away on a dissipated doctor." (T 284). Comme tous les autres héros fitzgeraldiens, Dick est affligé de désenchantement, "heartsickness" (T 280). A Rosemary, dont la présence semble vaguement le soulager, il demande : "'Did you hear I'd gone into a process of deterioration?'" et la jeune fille réplique : "'Oh, no. I simply -just heard you'd changed. And I'm glad to see with my own eyes it isn't true.'" (T 283). Mais c'est une manière naïve d'essayer de le rassurer car il sait, lui, que sa fêlure est profonde : "'The change came a long way back -but at first it didn't show. The manner remains intact for some time after the morale cracks.'" (T 283). De la même manière, quand Gatsby se retrouve confronté à l'échec et à la réalité de sa fracture intérieure qu'il a vainement essayé d'enfouir sous ses rêves insensés, ses espoirs s'effondrent : "[...] in the reaction, he was running down like an overwound clock." (GG 99). Au début du roman, Dick est au mieux de sa forme : "Moreover, Dick had been at an emotional peak [...]" ; mais quand il revoit Rosemary à Rome, entre temps, son enthousiasme s'est émoussé : "[...] there had been a lesion of enthusiasm." (T 208). D'ailleurs Nicole lui reproche cette perte de motivation : "'But you used to want to create things -now you seem to want to smash them up.'" (T 264). Les réceptions à la Villa Diana étaient un symbole de perfection :

‘[...] the intensely calculated perfection of Villa Diana transpired all at once through such minute failures as the chance apparition of a maid in the background or the perversity of a cork (T 27).’

Ces détails ménagers correspondent à la période où Dick dissimulait ses faiblesses derrière une façade de perfection sociale. Cette description peut être mise en regard avec une autre scène domestique où cette fois Dick a basculé du côté du pulsionnel : sa dispute violente avec Augustine, la cuisinière, qui, pour se défendre, l'accuse lui aussi d'ivrognerie (T 262-264).

Cette désintégration de l'individu est si affligeante que l'idée de contamination surgit dans les esprits : "[Mary] spoke to Nicole with pleasant heartiness, nodded unsmilingly to Dick as if he were somewhat contagious-" (T 284). Plus tard, à Dick qui lance à Nicole : "'I'm trying to save myself.'", cette dernière répondra : "From my contamination?'" (T 299). Apparemment la sensation de fêlure pourrait être contagieuse, il n'est pas bon de côtoyer de trop près ceux qui ont perçu leur brisure interne.

Pour Dick, comme pour Abe, mais aussi Amory, Anthony et bien sûr l'auteur lui-même, l'alcool traduit l'angoisse ressentie lorsque l'individu se trouve confronté à la découverte d'un désir inassouvi. Il construit cet espace liquide dans lequel la personnalité peut se dissoudre et qui donne l'illusion d'un retour à la plénitude originelle de la matrice ; il semble être une solution au manque fondamental de l'être. Accusé d'alcoolisme par le père d'un de ses patients (T 250-251), Dick se rédige une ordonnance de bonne conduite (T 252), mais ne saura bien sûr pas s'y tenir. Sa vie professionnelle se trouve alors dissoute dans son problème d'alcool et sa déchéance : "Not without desperation he had long felt the ethics of his profession dissolving into a lifeless mass." (T 254). Dans Paradise, surpris par la brusque rupture de Rosalind, Amory s'enivre et déclare : "'Seek pleasure where find it for tomorrow die. 'At's philosophy for me now on.'" (S 182).

La dérive sexuelle est également symptomatique d'un héros perturbé par un désir qui désigne une fracture interne profonde. Dick est progressivement hanté par les femmes qu'il croise à partir du moment où il a cédé au charme de Rosemary. Celles-ci apparaissent et réapparaissent de façon obsédante et inattendue dans un texte qui traduit parfaitement l'état d'esprit perturbé du héros. Dans les Alpes suisses (T 173,175-178), à la clinique (T 183), à la foire (T 189), dans le train (T 196), à Innsbruck (T 201-202), dans un cabaret romain (T 222-224), des femmes, ou plutôt des jeunes filles, perturbent le calme de Dick qui, en proie à un désir incontrôlable, ne peut s'empêcher de les observer. Il les découvre dans la foule, il les cherche du regard, les suit des yeux et s'interroge sur elles sans avoir aucune raison particulière de s'y intéresser.

Parfois la déchéance du héros est extrême : Amory a l'intention de se suicider (S 186), Anthony sombre dans la folie alors qu'il s'interrogeait déjà sur cet état dès le début du roman : "[...] he wonders frequently whether he is not without honor and slightly mad [...]" (BD 3). Lors d'un de ses scandales d'ivrogne, un passant dira de lui : "'He's a raving maniac.'" (BD 387). D'ailleurs il y avait déjà des traces d'une certaine folie chez son propre grand-père : "[...] he displayed himself a rabid monomaniac, an unqualified nuisance, and an intolerable bore." (BD 4). A un moment, il y a même des rumeurs journalistiques qui prétendent que Caramel est également atteint et serait dans un asile (BD 142). A la fin du roman, la folie gagne le héros, "There was madness in his eyes now, [...]" (BD 445), et il s'écroule.

Dick, lui, a fait son choix, il ne peut plus garder les yeux fermés, comme au moment où il avait accepté d'épouser Nicole :

‘[...] he had made his choice, chosen Ophelia, chosen the poison and drunk it. Wanting above all to be brave and kind, he had wanted, even more than that, to be loved. So it had been. So it would ever be, [...] (T 300). ’

Son désir est plus fort que tout, même si pendant des années il l'a dissimulé. Cette découverte l'effraie, mais, en même temps, il est agité d'un rire puissant qui lui souffle la vérité divisée de tous les êtres : "But the old interior laughter had begun inside him and he knew he couldn't keep it up much longer." (T 312). Tourné vers l'intérieur de lui-même, il en oublie Mary North avec qui il discute :

‘Then, as the laughter inside of him became so loud that it seemed as if Mary must hear it, Dick switched off the light and they were back in the riviera sun (T 312).’

Dans The Crack-Up, Fitzgerald s'interroge longuement sur l'origine de sa fêlure, il essaye de saisir pourquoi il s'est brisé comme une céramique :

‘[...] so the question became one of finding why and where I had changed, where was the leak through which, unknown to myself, my enthusiasm and my vitality had been steadily and prematurely trickling away (CU 51).’

Dans Tender, Dick fait de même, inlassablement il tente de comprendre pourquoi et quand il a basculé : "He had lost himself -he could not tell the hour when, or the day or the week, the month or the year." (T 201). Assailli de désir pour une inconnue sans importance il se trouve dépourvu :

‘[...] it kept worrying him: Why? When I could have had a good share of the pretty women of my time for the asking, why start that now? With a wraith, with a fragment of my desire? Why? (T 202).’

Les interrogations et les doutes l'assaillent continuellement. Dès le début de son contact avec Nicole il est perturbé : "'God, am I like the rest after all?' -So he used to think starting awake at night- 'Am I like the rest?'" (T 132). Au fur et à mesure, les doutes se font plus incisifs : "It seemed to him that when a man with his energy was pursued for a year by increasing doubts, it indicated some fault in the plan." (T 165). Gatsby a lui aussi des doutes quand il croit approcher du but, c'est-à-dire quand il retrouve enfin Daisy. La réalité semble trop éloignée du rêve :

‘There must have been moments even that afternoon when Daisy tumbled short of his dream - not through her own fault, but because of the colossal vitality of his illusion (GG 102-103).’

En fin de parcours, Gatsby s'écroule, "'Jay Gatsby' had broken up like glass against Tom's hard malice," (GG 154) ; Anthony succombe à la folie ; Amory s'illusionne encore, pensant "'I know myself,' [...]" (S 255) et Stahr, lui, devait disparaître. Dick, pour sa part, essaie jusqu'au bout d'analyser son cas comme tout bon médecin qu'il est. Dès sa jeunesse il savait en fait que la complétude était impossible :

‘"-And Lucky Dick can't be one of these clever men; he must be less intact, even faintly destroyed. If life won't do it for him it's not a substitute to get a disease, or a broken heart, or an inferiority complex, though it'd be nice to build out some broken side till it was better than the original structure." [...] He knew, though, that the price of his intactness was incompleteness (T 114-115).’

D'une certaine manière, Nicole constituera sa faille. La sienne propre sera en quelque sorte la somme des fêlures de son entourage :

‘[...] it was as if for the remainder of his life he was condemned to carry with him the egos of certain people, early met and early loved, and to be only as complete as they were complete themselves (T 243).’

A ses yeux, Nicole devient la principale responsable, bien qu'en réalité cette division interne, cette béance qu'il ressent soit le propre de l'être et que ce soit lui personnellement qui ne sache y faire face. Son travail, puis sa position sociale admirée et son altruisme apprécié se trouvent rapidement perturbés par Nicole : "His work became confused with Nicole's problems" (T 170). Dès le début, il se laisse absorber par son cas : "He could not watch her disintegrations without participating in them." (T 190), "[...] he knew her problem was one they had together for good now." (T 156). Alors qu'il perd pied, il va de plus en plus clairement lui signifier qu'elle a causé sa ruine. Nicole en a conscience et lui lance : "'Some of the time I think it's my fault -I've ruined you.'" (T 264). Plus tard, il reprend cette idée et lui dit : "'You ruined me, did you? [...] Then we're both ruined. So-'" (T 271). La jeune femme est lucide : "'Isn't it true you're not happy with me any more?'" (T 308). A l'inverse de Nicole qui se restructure progressivement et se sent finalement complète, Dick voit sa fêlure s'aggraver. En fin de roman, la jeune femme déclare : "'Why, I'm almost complete,' [...]" (T 287). Contrairement à Dick qui ne se reconnaît plus, elle déclare : "'I've gone back to my true self-'" (T 290).

Contraint de reconnaître la force d'un désir fondé sur le manque, le héros ressent alors le clivage profond entre besoin et demande. Puisque sa demande à l'égard de l'autre est inconditionnelle, l'inadéquation de la demande et du besoin provoque une angoisse dont il souffre violemment338. Profondément perturbé, Anthony professe son découragement en ces mots : "And that taught me you can't have anything, you can't have anything at all. Because desire just cheats you." (BD 341). Il a vu là l'essentiel de sa fêlure, le désir se fonde sur une béance qui ne se résout jamais. "Naked souls are poor things ever [...]" (S 218), la mise à nu de l'individu ne sait révéler qu'un gouffre pour lequel il n'y a pas de solution. Commentant l'effondrement de nombreux hommes américains, Dick déclare : "'Smart men play close to the line because they have to -some of them can't stand it, so they quit.'" ; mais Nicole remarque : "'It must lie deeper than that.'" (T 99). En effet, il s'agit d'une force obscure, "some darker force" (BD 202) : "the dark and unprecedented" (T 192), "the unprobed, undissected, unanalyzed, unaccounted for" (T 202), "things unforgotten, unshriven, unexpurgated" (T 91). Derrière cette obscurité et cet inconnu, derrière le mystère de l'inconscient, se profile un désir inassouvi qui dit un abîme fondamental et universel. Alors qu'il évoque les marins hollandais contemplant "le dernier et le plus grand de tous les rêves humains" (GG 187), Nick, qui a perçu à travers Gatsby la réalité du manque initial, renonce à ce rêve et ne souhaite plus explorer l'âme humaine : "I wanted no more riotous excursions with privileged glimpses into the human heart." (GG 8).

Dans le train qui l'emporte en compagnie de Nicole, Dick a une sensation déstabilisante, "a rhythm of finding and losing, finding and losing" (T 166). De la même façon, il croit assouvir son désir, mais sans cesse le bonheur de la plénitude lui est refusé, il bascule alors vers la dissipation. Sa béance apparaît alors dans le symptôme. Gatsby croit, lui, que s'il installe des signifiants sur cette faille initiale, il pourra se protéger : ce sont la lumière verte, les chemises innombrables ou l'exigence que Daisy prononce les mots "'I never loved him,' [...]" (GG 138). Bien sûr, ceci est un leurre et l'illusion ne saurait durer. Dans la fiction de Fitzgerald, le héros se manifeste toujours dans sa béance, dans ce qui suscite son désir339. Par son symptôme, il dit la plénitude perdue, il manifeste sa conscience d'être un sujet qui est en proie à la scission et qui, en dépit de tout, aspire indéfiniment à l'unité. Les fractures qui saturent le texte fitzgeraldien annoncent que la brisure est "le principe fondateur et originel"340 et que "La fêlure, nécessairement irrégulière, est [...] l'appel de la béance [...]"341. Si l'unité perdue est une obsession humaine, colmater la brèche initiale en est une autre qui en découle. Le désir est fondé sur un manque car, après la plénitude prénatale, tout être se voit forcé de vivre avec l'absence, la cicatrice de la rupture originelle et la béance jamais comblée qui marque sa venue au monde. Une fois encore342, la mère devient le personnage central car tous les symptômes précédemment observés dénoncent la perte de la complétude due à la séparation d'avec elle :

‘At first a symbiotic organiser, the mother offers the fantasy of a fusion or intact union. [... she] is the source of hope for ego stability and wholeness. As midwife of individuation, however, she is the source of disillusionment, forces upon the child a recognition of differentiation, loss, lack and so reaffirms the split she initially meant to deny343.’
Notes
326.

- Voir Pascal Aquien, W.H.Auden. De l'Eden perdu au jardin des mots, op. cit., p. 355.

327.

- Voir Michèle Bonnet, "Le 'Moi' divisé dans Tender is the Night de F.S.Fitzgerald", op. cit., pp. 57-69 et Marvin J.Lahood (éd.), Tender Is the Night: Essays in Criticism (Bloomington and London, Indiana University Press, 1969), pp. 127-137, 165-178.

328.

- "'Ah,' she cried, 'you look so cool. [...] You always look so cool,' she repeated.'" (GG 125).

329.

- Lee M.Whitehead, "Tender Is the Night and George Herbert Mead: an 'Actor's' Tragedy", Tender Is the Night: Essays in Criticism, op. cit., pp. 165-178.

330.

- James Ellis, "Fitzgerald's Fragmented Hero: Dick Diver", ibid., pp. 127-137.

331.

- Virginia Woolf, The Waves (Glasgow, Grafton Books, 1986), p. 63.

332.

- Voir James Ellis, op. cit..

333.

- Nestor Braunstein, La Jouissance. Un concept lacanien, op. cit., p. 121.

334.

- A.Robert Lee, "'A quality of distortion': Imagining The Great Gatsby", Scott Fitzgerald: The Promises of Life, op. cit., p. 37.

335.

- Bruce L.Grenberg, "Fitzgerald's 'Figured Curtain': Personality and History in Tender Is the Night", Critical Essays on F.Scott Fitzgerald's Tender Is the Night, op. cit., pp. 211-237.

336.

- Gérard Miller, Lacan, op. cit., p. 81.

337.

- Voir Roland Tissot, "Pour une nouvelle carte du Tendre de Francis Scott Fitzgerald", op. cit., p. 154.

338.

- Gérard Miller, op. cit., pp. 81-82.

339.

- Comme l'auteur à travers son écriture romanesque, "Par le discours analytique, le sujet se manifeste dans sa béance, à savoir dans ce qui cause son désir.", Jacques Lacan, Le Séminaire, Livre XX, Encore, op. cit., p. 16.

340.

- Pascal Aquien, op. cit., p. 325.

341.

- Ibid., p. 148.

342.

- Supra Deuxième Partie, Chapitre I, pp. 235-240.

343.

- Elisabeth Bronfen, op. cit., p. 33.