CHAPITRE III : DU METIER A METISSER

Le rapport d’Anne Ryan à l’écriture se fonde sur la problématique entre le tout et le rien et rétablir l’unité est une préoccupation constante chez cet auteur. Son œuvre littéraire se tisse du croisement de différents genres : de poèmes, de nouvelles, de contes et de toute une série d’articles écrits pour des magazines. L’auteur a essentiellement travaillé la poésie et la nouvelle, des genres qui imposent une rigueur de construction et forcent l’écrivain à se plier à des contraintes formelles. Ils exigent une architecture solide et permettent d’englober dans un espace restreint une multiplicité de signes, créant ainsi l’illusion du plein et de la totalité. En effet, le souci d’Anne Ryan était avant tout de rassembler, d’enfermer, de cadrer. Ecrire, créer un texte, le fabriquer, au sens artisanal du mot, en lui donnant une ossature, une structure rythmique et sonore afin de résister à l’appel du vide. Comme le rappelle Emile Benveniste, « créer » signifie « mettre de l’ordre » et il rapproche d’ailleurs le mot « ordre » de la « loi » qui est « ce qui tient fermement, ce qui est établi solidement » 141 .

Dès ses premiers écrits, Anne Ryan a montré un intérêt pour les formes poétiques traditionnelles. Son écriture se définit par une facture classique, linéaire. Sa volonté de construire semble bien révéler un refus du discontinu et être une manière métaphorique de tisser des liens et de se façonner un espace protecteur. .

Notes
141.

Emile Benveniste, Le Vocabulaire des institutions indo-européennes (Paris : Les Editions de Minuit, 1969) Vol. 2, 101