CHAPITRE VI : COLLAGE : CORPS ECRIT

A l’origine du travail du collagiste, il y a fouille et déplacement, emprunt et appropriation. La pratique du collage suppose un travail de manipulation et la reconstitution d’un espace à partir d’éléments hétérogènes. Déplacement, déconstruction et reconstruction sont les différentes composantes de cet art. Chez Anne Ryan, les objets empruntés appartiennent à son environnement et sont toujours liés à sa vie personnelle. Ce sont des objets de rebut, usés, délavés, déchirés, que l’artiste a choisis non seulement pour leurs qualités plastiques mais aussi parce qu’ils portent les empreintes d’un corps. Comme l’a écrit Eric Gibson, Anne Ryan avait une approche personnelle et elle n’a jamais limité son travail à un simple jeu d’emprunts :

Much as the art of the collage consists of taking items from one context and reconstituting another from them, so her borrowings are uniquely personal applications in one medium of ideas gleaned from another. As such her intention, more than mere quotation, is amplification, following her sensibility wherever it may lead and broadening the range of her medium as she does so 274 .

Dans ses collages se lit la mise en place d’une écriture de l’intime à travers l’exploration de fragments divers, d’objets insignifiants et de restes, tout un matériau abandonné par la société ou chu par un corps.

Notes
274.

Catalogue de l’exposition Anne Ryan, André Emmerich Gallery de New York (13 octobre au 7 novembre 1979).