INTRODUCTION

Au XIXe siècle, le mouvement d'industrialisation sans précédent qui se développe fait apparaître des tensions radicales de plus en plus fortes entre deux pôles de la société française : une bourgeoisie industrielle et d'affaires installée et une classe ouvrière en constitution. Les révoltes lyonnaises des années 1830, les journées de juin 1848 à Paris, les cent jours de la Commune et la semaine sanglante de 1871 sont des illustrations extrêmes de la fracture sociale qui, alors, ne cesse de s'élargir. Dans la même période s'organise la discussion sur l'instruction du peuple1. Tous les discours y sont tenus, toutes les nuances de la pensée politique et sociale s'y entrecroisent et quelquefois s'y affrontent. Au coeur même du débat sur l'éducation se reflètent les jeux sociaux et leurs contradictions. La formation devient alors un puissant enjeu dans les projets d'organisation du social. Elle est, pour les uns un outil de moralisation et/ou de soumission, pour d'autres un ressort permettant d'organiser le consensus, pour d'autres encore un moyen irremplaçable d'émancipation.

Ainsi, dès la seconde moitié du XIXe siècle, l’éducation des adultes apparaît au coeur d'un système d'enjeux souvent contradictoires qui, dans une première période, se renforcent et s'exacerbent, pour lentement au cours du XXe siècle s'atténuer, mais sans jamais totalement disparaître. Elle devient par là-même, selon les idéologies qui la servent, et qui s'en servent, un espace social qui se structure peu à peu dans un double mouvement qui est à la fois rupture et suture.

Notes
1.

Allusion à une association fondée en 1831, dissoute en 1832 par le pouvoir, dont le nom était : Association pour l'instruction gratuite du peuple.