Ce travail s'organise en quatre parties où ont été repris, autour de thématiques larges, des matériaux recueillis à des périodes et dans des circonstances différentes. De ce fait, ils permettent de repérer des continuités, quelquefois des ruptures, d'une part dans ce qui constitue la formation des adultes, d'autre part dans nos approches et notre pensée dans ce domaine car, exerçant dans un secteur traversé de contradictions, nous ne sommes pas à l'abri nous-même de ces mouvements.
La première partie est structurée autour de contributions centrées sur le rôle de la formation dans les organisations de travail privées ou publiques. Elle tente d'ouvrir dans un dernier texte quelques perspectives quant aux nouveaux usages de la formation des adultes, qui à l'orée du XXIe siècle, n'est pas à l'abri des débats et des fractures qui lui donnèrent naissance.
La deuxième partie est un ensemble de réflexions sur la place, le statut et les possibilités de développement de la formation permanente dans les universités. Elle engage aussi le débat, très contemporain, de la qualité en formation, plus particulièrement, mais sans exclusive, dans les services communs de formation continue des établissements supérieurs publics. Elle souligne que, dans ces domaines aussi, le double mouvement rupture-suture est à l'oeuvre et qu'il est sans doute gros de transformations à venir qui, pour certains acteurs, seront à l'évidence douloureuses.
La troisième partie, quant à elle, se focalise sur le coeur de l'activité de formateur. Elle traite successivement de la "pédagogie" des adultes, des nouvelles technologies éducatives et de leurs conséquences, du tutorat et de ses effets, de l'ingénierie de formation et de ses limites. Là encore, des forces diverses sont à l'oeuvre, les unes visent à réconcilier l'éducation avec l'individu quand d'autres poussent, par excès de rationalisation, à l'en écarter.
La quatrième et dernière partie est constituée d'une suite de contributions sur le métier de formateur, sur ses évolutions et sur les formations qui y préparent. Elle illustre en quoi des acteurs de premier niveau se retrouvent et tentent d'évoluer dans un univers mouvant. Elle débouche enfin sur une double réflexion. L'une est une réflexion identitaire sur mon propre parcours de formateur-chercheur, l'autre, plus large, s'inscrit dans le débat qu'engage aujourd'hui la communauté professionnelle des formateurs d'adultes, à savoir celui de l'éthique, qui à sa manière, est une manifestation, dans cette communauté, de la rupture qui s'y opère et que certains, parmi elle, essaient d'analyser et de colmater.
Ainsi, cette recomposition textuelle aborde-t-elle, lorsqu'on accepte de l'observer avec recul, plusieurs champs de la formation au sens où l'entend Marcel Lesne. En effet, la première partie et quelques textes de la seconde renvoient au champ de la vie sociale et professionnelle, la troisième et la quatrième partie aux champs des formes institutionnelles de la formation et de la pédagogie 39, qui sont tous traversés par des mouvements oscillatoires entre la rupture et la suture. Sans prétendre donner un mode de compréhension général de la formation des adultes depuis dix ans, cette mise en relation permet d'en éclairer certains aspects, de souligner quelques points en débat et de proposer quelques clés. Le croisement de ces quatre parties offre des possibilités de lecture plurielle et de mise en relief de tendances et/ou de fractures dans un secteur professionnel qui aujourd'hui s'interroge sur son devenir.
Pour cette typologie, se reporter à Lesne M., Lire les pratiques de formation d'adultes, Paris, Edilig, 1984.