A l’origine, le campus Thomson n’avait pas vocation à fonctionner dans le cadre réglementaire de la formation continue, tel que nous l’entendons depuis 1971. Son projet remonte à 1980 ; il devait favoriser la formation de clients et de salariés étrangers, surtout originaires du golfe arabo-persique, afin d’assurer la plus grande qualité aux transferts de technologie.
Son inauguration eut lieu en 1983 et rapidement les responsables du campus se heurtèrent à quelques difficultés. La première tenait aux origines diverses et aux intérêts quelquefois contradictoires des "stagiaires" rassemblés en un même lieu. La seconde est d’ordre pédagogique et liée au constat qu’il est délicat, voir impossible, d’opérer ce type de transfert dans le pays émetteur de la technologie. Ces deux constats entraînèrent en se cumulant un large sous-emploi de cette structure d’accueil et de formation.
Dans ces conditions, une question se posait : que faire du campus ? La réponse vint, fin 1986, du secrétariat général du groupe Thomson qu’assurait alors Martine Bidegain : le campus deviendrait une filiale à 100 %, la Société du campus Thomson, et le lieu de formation des cadres du groupe.
Le campus nouveau était arrivé, il s’inscrivait à la fois dans la stratégie globale du groupe et s’enracinerait dans sa tradition formative.
En ce qui concerne cette tradition, elle est directement issue de Thomson-CSF qui a toujours privilégié la formation par l’interne ; la transmission de savoirs et de savoir-faire par les plus expérimentés, en mobilisant les capacités formatrices de tout cadre volontaire disposant de connaissances "pointues". Deux raisons sont à l’origine de ce fondement culturel.
La première est liée à l’activité de Thomson qui génère, en matière de formation dans le secteur des hautes technologies, des besoins en formation spécifiques, et parfois non publics, que le marché et l’enseignement supérieur ne sont pas toujours à même de satisfaire. Il était donc naturel dans ce contexte d’utiliser comme formateurs les cadres attachés au développement et à la recherche dans le groupe.
La seconde découle d’un constat fait dès 1972 dans la branche CSF : le secteur de l’électronique professionnelle est bâti sur une culture d’ingénieurs exclusivement technicienne. Une dimension pluridisciplinaire lui fait défaut surtout en matière de formation des cadres supérieurs. Quelques pionniers, en avance de plusieurs années, furent dont à l’initiative d’un cours de management et de gestion - le cours Bougault52 - que suivit alors la quasi-totalité des cadres.
Le constat était simple, du fait de l’évolution des mentalités et des marchés, un ingénieur se doit d’être aussi un organisateur, un manager, un négociateur, un gestionnaire, voire un financier. Une sorte de mouton à cinq pattes que seule la formation continue et l’expérience peuvent produire.
Quant à la stratégie globale, ceux qui la définirent alors surent saisir l’opportunité et la disponibilité d’un lieu pour en faire un maillon fort de leur politique de formation sur laquelle nous reviendrons. Reste que la période était faste pour opérer une telle mutation : un marché en pleine évolution, des technologies en perpétuel mouvement. Les métiers de l’électronique devant intégrer toutes ces modifications, le campus apparut alors en mesure de répondre aux impérieuses nécessités de formation imposées par l’environnement socio-économique.
Concepteur du cours et ancien directeur général de Thomson-CSF.