Si le campus, son équipe et son ingénierie éducative sont un maillon important de la stratégie d’entreprise, il n’a pas le monopole de la formation des ingénieurs et cadres du groupe Thomson. En effet, même si des orientations générales existent en matière de formation, l’autonomie des filiales, là comme ailleurs, est respectée. Ainsi, rien n’oblige telle ou telle filiale à utiliser le campus pour mettre en oeuvre son plan de formation. Le campus de Jouy-en-Josas s’inscrit donc dans un système de concurrence relative fonctionnant davantage par souci coopératif des filiales que sur le mode autoritaire. Même si ce dernier met en musique les impulsions, électronique oblige, de la direction générale, la partition peut être achetée ailleurs.
Les objectifs de l’université Thomson, même si elle se veut innovante, restent néanmoins assez classiques. Ils sont au nombre de cinq :
‘"- la compréhension du groupe à travers son histoire (...) et ses stratégies,Seul le dernier objectif, même s’il est évident pour certains, se démarque des objectifs habituels affichés dans les présentations et les catalogues. Il vise à ouvrir l’esprit d’hommes et de femmes formés dans le souci de l’excellence technicienne à d’autres réalités et à inscrire leurs pratiques dans un univers en mouvement.
Système d’objectifs néanmoins clairs, sans affirmation marketing, adaptés à la sociologie particulière d’une entreprise à vocation mondiale dont la structure d’emploi révèle une population à hauteur de 50 % de techniciens supérieurs, d’ingénieurs et cadres.
Essentiellement dirigée vers l’interne (95 % des formations), son architecture pédagogique s’articule autour d’instituts spécialisés, inscrits dans le système général d’objectifs mais possédant leurs finalités propres, tels l’"Institut de management et des programmes corporates", l’"Institut commercial Thomson CSF" ou encore l’"Institut du génie logiciel et des techniques informatiques". Chaque institut est doté d’un conseil scientifique composé d’experts internes ou externes à Thomson et géré tant économiquement que pédagogiquement par un responsable de projet.
Les instituts sont organisés selon deux axes, les formations "repères" qui sont des stages professionnalisants d’environ 15 jours et un ensemble de modules conçus en fonction des besoins de telle ou telle filiale ou des nécessités industrielles de la période. En ce qui concerne les formations professionnalisantes, elles visent soit à accompagner la mobilité professionnelle, et non pas à la préparer, soit à accroître la qualification ou à anticiper sur les évolutions prévisibles des métiers.
L’ensemble de ces formations, même si seules les formations "repères" donnent droit à un certificat de stage, s’inscrit dans le dispositif de gestion prévisionnelle des emplois de la direction des affaires sociales du groupe et font du même coup de l’université Thomson un outil de management.
Pour fonctionner, le campus Thomson est composé d’une équipe enseignante issue à 71 % des cadres de l’entreprise et à 29 % d’enseignants associés originaires de l’Université, des grandes écoles, des cabinets d’experts et de conseil, etc. Le choix a été de ne pas avoir d’équipe permanente de formateurs afin de susciter des volontés et des initiatives parmi les ingénieurs et cadres et de poursuivre la tradition formative que nous avons évoquée. Peut-être aussi afin d’éviter certains assoupissements bien connus dans des structures trop lourdes et de maintenir ainsi en perpétuelle veille le potentiel technologique de l’entreprise. Une exception cependant, l’école d’ingénieurs de logiciels insérée sur le campus est animée par une équipe d’enseignants permanents, même si ces enseignants participent aussi à des actions de formation continue.
Le campus lui-même s’étend sur 12 000 m2, les bâtiments permettent d’assurer l’hôtellerie (156 chambres individuelles), la restauration (5 salles à manger) et bien sûr la formation (26 salles dont une de conférence et un amphithéâtre). Son chiffre d’affaires55 est de 47 millions de francs dont 18 millions pour la logistique (entretien, hôtellerie, etc.), 24 millions pour la formation (salaires des personnels du campus et des enseignants, charges, frais de formation, etc.), 5 millions allant à l’école d’ingénieurs. Les rentrées financières proviennent des facturations internes que le campus fait aux filiales et aux directions centrales lorsqu’elles envoient un stagiaire à Jouy-en-Josas.
Une petite équipe en assure la marche logistique et pédagogique, 5 personnes et du personnel de sous-traitance pour le premier aspect, 21 pour le second, dont 9 chefs de projet responsables d’instituts.
D’après la plaquette de présentation du campus.
Le campus n’a pas vocation à faire du profit mais il ne bénéficie d’aucune subvention, même interne, et doit assurer son équilibre budgétaire, le salaire des stagiaires restant à la charge des branches.