L'Odyssée formative 59

Il s'agissait ici non seulement de décrire, mais aussi d'analyser un ambitieux dispositif de formation qui se revendiquait du courant des "universités d'entreprises", mais cette fois en impliquant directement une université (Lyon II) et son service commun de formation continue. Il s'inscrit dans la réflexion entamée dans le texte précédent, mais non plus seulement du point de vue du chercheur extérieur à l'action, mais de celui du praticien-chercheur impliqué dans l'action. Posture de recherche bien souvent inconfortable et fort justement souvent critiquée mais qui permet néanmoins, si toutes les précautions sont prises, de produire un "discours de l'intérieur" pertinent.

Au-delà du descriptif du dispositif qui a le mérite de relater une pratique et ainsi de favoriser la conservation d'une "mémoire professionnelle", ce texte s'inscrit dans la continuité d'autres travaux en soulignant que, dans l'expérience d'une banque qui lui sert de support, la formation est un "élément constitutif et incontournable de (la) stratégie générale et (du) développement" des organisations ; il aborde une question sur laquelle nos investigations continuent60. Ainsi, il interroge sur la capacité de la société toute entière, et non pas seulement de l'entreprise, à prendre en compte la "trans-formation" des individus et à s'engager dans une dynamique de "reconnaissance professionnelle et sociale des qualifications acquises" en formation, en situation de travail et dans toute activité. Il propose ensuite, toujours dans cette optique, d'engager une réflexion visant à "analyser les liens entre savoirs et problèmes concrets (et à) rechercher (comme le proposait alors Bertrand Schwartz) les situations de savoir dans le travail pour transformer le faire" et permettant de réconcilier l'homme et le travail en les associant dans un développement coopératif.

Ulyce avec un "c" n’est pas le fruit d’une nouvelle réforme de l’orthographe légitimée par de savants discours, mais le résultat d’une audace orthographique, d’un jeu sur les homophonies permettant de transformer le nom de l’ingénieux fils d’Ithaque en un sigle commode et prestigieux désignant un ambitieux dispositif de formation. Nous oublierons donc un temps le héros grec, pour nous intéresser à "l'université lyonnaise pour les cadres européens", dont nous rappellerons d’abord l’origine, pour ensuite en dépeindre les objectifs et les rouages, et tenter enfin de tirer quelques enseignements et réflexions de cette expérience d’université d’entreprise en milieu bancaire.

Notes
59.

Ce texte rédigé avec Monique Léonhardt (Lyon II) a été publié dans l'Année de la formation 1991, Paris, Païdeia, 1991, pp. 281-289.

60.

Voir infra, mon texte sur la validation des acquis dans l'enseignement supérieur.