Une nécessaire mutation profonde des organisations

Aujourd’hui, l’enjeu consiste à passer à un stade de production formalisée, rationalisée, rentabilisée de ces savoirs informels, de ces connaissances expériencielles.

Il est donc impératif de s’interroger sur leurs conditions d’émergence et sur les modes d’organisation qui les font naître et fructifier, en partant de l’hypothèse qu’un travail aliéné est la moins favorable des situations. Une telle réflexion conduit très vite à dépasser la seule entrée par l’innovation en formation. Elle exige de repenser les temps et les lieux d’exercice de l’activité, de revisiter l’organisation du procès de travail - même post-fordiste - et de ses conditions d'effectuation, de concevoir autrement les politiques d’investissement et de management. Dans cette dimension, l’entreprise-formatrice et/ou qualifiante implique de profondes mutations des organisations existantes. Une telle volonté se manifeste-t-elle aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr !

De fait, derrière cette idée d’entreprise-formatrice se profile, le plus souvent, la simple recherche d’une meilleure utilisation d’un investissement immatériel, d’une réduction des coûts générés par la formation, d’une plus grande efficacité du management, de gains de productivité... Il est à craindre que cette démarche strictement économique ne soit que conjoncturelle et ne vise qu’à mieux adapter l’appareil de production aux exigences du marché, à mieux répondre à la crise de production de la compétence, à mieux gérer les savoirs ouvriers sans visée réellement prospective.