Quatrième étape

Un tel mouvement général entraînera, à n'en point douter, des transformations significatives dans la conception, l'ingénierie, la gestion et l'évaluation des dispositifs de formation. Tout d'abord, une plus grande flexibilité des processus tant dans les lieux que dans les durées et les rythmes de la formation, à la fois conséquence possible d'une déréglementation accrue du travail (horaire, 3 x 8, travail du dimanche), qu'à la précarité des contrats (CDD) et à la réduction significative de la durée du travail (30 h, notion de co-investissement), qu'à l'émergence de besoins nouveaux et aux possibilités pédagogiques offertes par les évolutions technologiques (multimédias). Ainsi, après ou en même temps que le télé-travail, verra-t-on peut-être se développer la télé-formation, en auto-formation, assistée ou non, ou sur des réseaux du type Internet avec toutes les conséquences possibles sur le lien social et la sociabilité de chacun ?

Flexibilité accrue aussi en matière de parcours et de cursus qui mobiliseront un ensemble de moyens, de techniques, de méthodes parmi un ensemble d'outils connus ou à venir.

Modifications substantielles qui réduiront la place des formations "présentielles", sans toutefois les faire disparaître complètement, développant l'individualisation, les formations capitalisables de type modulaire, le tutorat médiatisé ou non... et, par conséquent, des pratiques nouvelles d'évaluation, une place mieux affirmée de la validation des acquis, un regard nouveau sur la certification laissant plus d'espace aux parcours hétérogènes, à l'interdisciplinarité, à la transversalité et favorisant une meilleure appréhension de la complexité.

Evolution qui permettra de repenser la linéarité des parcours de la réussite, d'envisager la conduite de projets par étapes, voire de constituer pour chaque citoyen un "capital-temps-formation", géré tout au long de la vie, favorisant arrêts et reprises d'études au gré des rythmes, des possibilités, des opportunités, voire des désirs de chacun. Crédit-formation durant toute la vie dont il reste à imaginer le cadre et les financements.

Les progrès, en particulier, ceux des sciences de la cognition, auront sans doute aussi des conséquences, sur les besoins et l'offre de formation, difficiles à imaginer aujourd'hui, même si des scénarios sont d'ores et déjà, prévisibles.

Un tel bouleversement provoquera des transformations fondamentales dans les pratiques des acteurs de la formation et une conception renouvelée de cet ensemble de métiers et du même coup des formations de formateurs qui y préparent, mais là encore la prospective n'est pas aisée.