Cinquième étape

Dans une telle perspective, les organismes dispensateurs de formation devraient connaître de profondes restructurations tant dans leurs formes que dans leurs activités. Au-delà d'une concentration des organismes, donc d'une diminution de leur nombre, cette évolution modifiera assez profondément leurs discours et leurs activités.

Sans préjuger, on peut penser qu'ils vont devoir renforcer leur capacité d'expertise, à la fois pour mieux gérer la ressource éducative et répondre à des besoins multiples, évolutifs et diversifiés. Expertise quant à l'analyse des situations de travail (connaissance de l'entreprise et affinement de l'offre de formation in situ), expertise en matière de diagnostic (profil d'apprentissage), expertise en matière de supports, de méthodes, de sources (banques de données et réseaux) afin de proposer des parcours pertinents, adaptés et sur mesure, d'où un travail de veille technologique, sociologique, économique... permanent et approfondi. Une grande réactivité, une souplesse, une adaptabilité des organismes seront requises afin de répondre aux sollicitations du marché ou des individus.

Les organismes seront donc probablement amenés à renforcer leurs capacités de diagnostic, d'élaboration de parcours personnalisés et à augmenter leur proposition d'accompagnement des apprenants et de gestion des cursus (suivi, formation sur site, tutorat...). Comme le remarque Pierre Caspar "la formation est de plus en plus tournée vers la résolution de problèmes (et) cela demande aux formateurs d'entrer dans une sorte de nomadisme, d'aller vers les problèmes et vers les gens pour faire du travail sur mesure" (le Monde du 16/1/1996), ce qui ne sera pas sans effets sur l'appareil de formation lui-même et sur la nature de ses activités.

De telles exigences auront pour conséquences de changer la structure même des organismes : réduction de la dimension présentielle, renforcement de l'individualisation et gestion des regroupements, mise à disposition de formateurs, ouverture d'ateliers pédagogiques personnalisés et de lieux de consultation accessibles à tous et en tout temps (centres de ressources), "service après vente" et maintenance de dispositifs ou d'outils d'apprentissages complexes. Orientations et conseils (aide au projet), guidance et évaluation formative, conséquence de l'individualisation, devraient prendre une place plus importante qu'ils ne l'ont aujourd'hui ce qui modifiera considérablement les profils des "formateurs-facilitateurs" qui auront plus à gérer des processus ou à concevoir des dispositifs de "formation ouverte" pilotés à distance... qu'à transmettre des connaissances.