Conclusion

A condition qu'une volonté sociale et politique forte y incite, la formation tout au long de la vie est de l'ordre des possibles, mais elle ne se développera pas en dehors du champ des contraintes socio-économiques et technologiques à venir. Il est évident au regard des quelques pistes que nous avons pu évoquer que la conception même de la formation connaîtra, dans un avenir assez proche, une mutation considérable, voire une métamorphose quasi complète. Mutation du concept entraînant dans son sillage des évolutions des dispositifs institutionnels et pédagogiques, des pratiques de toute nature comme des structures et des acteurs qui les font vivre. Au demeurant et à ce jour, il s'agit plus de formuler des hypothèses que des réponses définitives.

Néanmoins, la formation tout au long de la vie ne saurait s'inscrire dans la seule logique économique. Car, si l'on peut convenir qu'elle doit participer à la production de la compétence, on ne saurait admettre qu'elle ne produise pas aussi plus de liberté individuelle et collective. Si, seule l'économie la dirigeait, ne serait-elle pas un avatar monstrueux et dégénéré de l'Europe des Lumières ?

Cette première partie se compose de travaux qui tous visent à mieux comprendre la place et les usages de la formation professionnelle continue dans les organisations de travail, qu'elles soient publiques ou privées. Ils permettent de percevoir certaines évolutions consécutives à la situation socio-économique qui a sensiblement fait progresser les fonctions assignées à la formation. En se rapprochant du management, en laissant plus de poids aux déterminations économiques, en s'inscrivant dans des plans de modernisation moins participatifs qu'annoncés, la formation a peut-être renoncé à, ou oublié, une part essentielle de la mission qui lui fut confiée en d'autres temps, celle de participer au développement et à l'épanouissement, voire à l'émancipation, des individus. L'Europe dans laquelle elle s'intègre aujourd'hui lui permettra peut-être de renouer avec l'esprit des encyclopédistes et des Lumières sans lequel elle n'est qu'une fonction serve au service d'intérêts divers, quelquefois étrangers à la vieille notion de progrès. Au demeurant, elle est la chance et l'outil qui favoriseront l'accès de tous à la société des savoirs que l'on nous annonce pour demain.