La reconnaissance et la validation des acquis

Nous commencerons par définir la validation des acquis en nous appuyant sur un certain nombre de textes. Après avoir tenté d'en dresser une typologie, nous essaierons de cerner la notion de reconnaissance et les systèmes d'acteurs impliqués dans l'une et l'autre.

Que faut-il entendre par validation ? La réflexion sur ce sujet reprend force dans les années 80 et concerne dans un premier temps les publics jeunes en difficultés d'insertion sociale et professionnelle. Une première définition est formulée, comme le rappelle J.-F. Bonami345 dans une circulaire du ministère du Travail du 21 juin 1985 dans laquelle la validation des acquis consiste à "délivrer un diplôme, vérifier les capacités du sujet, garantir une qualification liée à une classification". Ce texte porte la marque de son origine et renvoie, nous le verrons, à la problématique de la reconnaissance. Le guide de la validation du crédit-formation précise et restreint cette définition : "La validation des acquis est l'acte officiel qui consiste à certifier, au nom de l'autorité compétente, qu'un individu a fait la preuve, par des moyens déterminés à l'avance et non arbitraires, qu'il maîtrise les savoirs et savoir-faire correspondant à un diplôme ou à un titre homologué."346 Nous adopterons cette définition qui reporte la responsabilité de la validation sur le champ éducatif et permet, nous semble-t-il, de clarifier un débat souvent confus.

La typologie que nous proposerons sera des plus sommaires et reprend deux des trois catégories définies par N. Terrot, la troisième qu'il propose relevant, pour nous, de la reconnaissance347. Il définit la première comme formative, c'est un mode de validation qui renvoie à un niveau de connaissance, à un positionnement avant la poursuite ou la reprise d'un parcours de formation, ce serait celle contenue dans le décret de 1985. La seconde est définie comme diplômante car elle tient compte, dit-il, d'acquis antérieurs conduisant à la délivrance d'un diplôme après une validation partielle d'une partie de ces éléments ou de ces contenus, ce serait celle contenue dans la loi de 1992.

La notion de reconnaissance des acquis est d'une autre nature que celle de validation et ne relève pas de la responsabilité des mêmes acteurs. Phase ultime du processus, elle n'est pas située en amont, comme le suggère la circulaire de juin 1985, déjà citée348. L'amont est en fait une prise de conscience, une découverte ou une redécouverte, une connaissance première des acquis plutôt qu'une reconnaissance ; étape initiale d'une démarche accessible à tout candidat depuis le vote de la loi ouvrant droit au bilan de compétences. La reconnaissance telle que nous l'entendons est une "validation" qui échappe au champ éducatif et à ses acteurs. La reconnaissance est individuelle et sociale : individuelle, lorsque la personne, après validation, se reconnaît comme appartenant à une communauté ou à un groupe déterminé ; sociale, lorsqu'un groupe reconnaît comme sien un individu qui partage ses valeurs et ses attributs et qu'il peut faire un usage social de la qualité et des acquis reconnus. Ainsi définie, la reconnaissance sociale peut devenir professionnelle et se fondre dans une logique de qualifications et de classifications, la validation n'étant qu'une procédure facilitante et extérieure.

Il est donc logique de ce point de vue que les deux textes que nous allons présenter ne traitent que de la validation et non de la reconnaissance des acquis. Cette dernière n'appartient pas à l'enseignement supérieur, même s'il doit s'en préoccuper, mais aux acteurs sociaux eux-mêmes dans le jeu de leurs interrelations.

Notes
345.

Bonami J.-F., Personnel, n° 333, juin 1992, p. 31.

346.

Ministère de l'Education nationale, Crédit-formation, guide de la validation, ADEP Editions,
1991, p. 78.

347.

Terrot N., intervention au colloque de Lille, Validation des acquis dans l'enseignement supérieur : une typologie, un contexte, Flash formation continue, n° 363, 15 avril 1993, p. 9.

348.

Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Reconnaissance et Validation des acquis, avril 1992, fiche n° 1.