TROISIEME PARTIE
PEDAGOGIE, NOUVELLES TECHNOLOGIES EDUCATIVES, INGENIERIE ET CONTRADICTIONS A L'OUVRAGE

Dans cette troisième partie, il ne s'agit plus de comprendre ou de situer la formation permanente dans un environnement large - approche socio-économique/entreprise - ou plus restreint - système universitaire et qualité - mais de travailler et de conceptualiser sur les champs de la "pédagogie", de l'organisation et de l'ingénierie. Dans un premier temps, nous développerons notre conception de l'éducation des adultes et nous aborderons la question des nouvelles technologies éducatives dans la sphère de la formation continue. Dans un deuxième, nous interrogerons la notion d'effet-formation, d'abord dans le cadre d'un dispositif conduit dans les transports publics puis dans celui du tutorat. Enfin, nous tenterons, en nous référant à l'analyse des pratiques de formation, de cerner les limites et de repérer les dangers de certaines formes d'ingénierie en formation des adultes.

A chacune de ces étapes, nous constaterons qu'à l'échelle de la pédagogie, de l'individu, voire de l'ingénierie, les mêmes mouvements sont au travail. Certains tendent à la réparation et à la fusion, d'autres augmentent la tension et accentuent les risques de rupture et d'exclusion, d'autres enfin structurent et organisent les pratiques en formation d'adultes.

Ainsi, certaines formes pédagogiques, au-delà de favoriser des acquisitions, visent à réconcilier l'apprenant avec lui-même et ses modes d’apprentissage, à panser (penser) les anciennes blessures d'une scolarisation quelquefois douloureuse. Les nouvelles technologies éducatives quant à elles, si l'on veille à ce qu'elles ne soient pas la cause de nouvelles exclusions - celles liées à l'illettrisme technologique -, favoriseront l'adaptation de l'apprentissage à l'apprenant en respectant ses rythmes, ses temps, les formes de son intelligence...

Le tutorat et l'alternance oeuvrent aussi dans le sens de la réconciliation du travail et de l'éducation, en organisant des complémentarités et les modalités de reconnaissance mutuelle de lieux où des formes différentes de savoir se constituent. L'ingénierie enfin, dans cette logique de rupture-suture, peut apparaître comme la meilleure et la pire des choses car si elle peut être une source de cohésion et d'organisation, elle peut aussi devenir, par excès de rationalisation un prétexte de rejet.