La formation-action

Elle demanderait, à elle seule, de larges développements, nous essaierons en quelques phrases d'en décrire l'esprit plus que les procédures. Elle apparaît, même si elle n'est pas toujours facile à conduire, comme une méthode particulièrement adaptée au public adulte car résolument inscrite, comme son nom l'indique, dans l'action.

La formation-action, quelquefois appelée formation-coopération lorsque des principes d'auto-organisation la gouvernent, consiste à engager un travail d'apprentissage à partir d'une action motivante et mobilisatrice pour le groupe. Dans ce cas, l'action va nourrir et déterminer les apports, les recherches, la mobilisation des personnes-ressources. Soit l'action est engagée ou sur le point de l'être et le processus formatif se déroulera en parallèle et en accompagnement permanent. Les acquisitions de savoirs ou de savoir-faire sont organisées au fur et à mesure qu'elles deviennent nécessaires à la réalisation de l'action. En ce cas, c'est l'action et la manière dont les participants souhaitent la mener - l'erreur est aussi source de connaissances - qui "organise" l'acte d'apprendre. Soit l'action est à venir - on est ici aux marges de la démarche de projet - et il s'agit de repérer et de s'approprier tous les éléments de connaissances qui permettront de la conduire ultérieurement. Dans la conduite d'une formation-action, le formateur se trouve en réelle posture de facilitateur. Il a la charge de faciliter l'action, donc de rassembler ou d'aider à rassembler tous les moyens et tous les matériaux définis par le groupe et nécessaires à l'action. Rôle de facilitateur encore quant à l'émergence et à l'entretien d'un climat favorable à la production d'une oeuvre collective. Rôle d'acteur et de conseil quant aux choix des solutions en prenant garde toutefois, du fait de son statut, à ne pas induire ses propres solutions, à ne pas faire réaliser selon son désir. Il est donc essentiel de renoncer, lorsqu'on engage une formation-action, à la logique des contenus, à la supposée logique des apprenants, bref à toute logique de transmission, et d'accepter avec souplesse la logique de l'action.

L'avantage de la méthode est de favoriser, non seulement l'acquisition des savoirs qui n'apparaissent plus comme artificiels et plaqués et qui prennent alors un sens, mais aussi leur appropriation, voire leur transfert, car ces savoirs sont inscrits dans l'action. Avantage encore, car chacun y apprend sur lui et peut-être sur la façon dont il apprend, et sur les autres dans la conduite d'un travail solidaire. L'inconvénient le plus important est celui de la durée et de la lourdeur relative d'une telle méthode. En effet, elle nécessite une action suffisamment importante pour pouvoir mobiliser le groupe, lui permettre d'agir en apprenant et d'apprendre en agissant et de lui donner des résultats tangibles comme signe de la réussite. Autre inconvénient, mineur celui-là, la démarche est créatrice d'angoisse, vite dépassée. Peur de l'échec ou des impasses tant du facilitateur que des apprenants, crainte légitime inhérente à toute conduite d'action quoique élément incontournable de connaissances.