Les situations de travail

Cette méthode qui vise à utiliser les situations de travail comme support à l'acte d'apprendre est une préoccupation centrale, depuis quelques années, de ceux qui agissent dans le cadre de la formation professionnelle des adultes. Ses objectifs sont soit une remise à niveau, soit une adaptation à de nouvelles exigences de l'activité, soit l'accès à une qualification. Dans tous les cas, le dispositif pédagogique est construit en étroite articulation avec la situation de travail.

Le recours aux situations de travail est une opération complexe qui tend à les aménager en situations de formation. Il ne s'agit pas, à proprement parler, de formation sur le tas car de fait, il est rarement possible d'utiliser la situation de production brute comme objet pédagogique. Afin de réussir cette conversion, il est indispensable de mener, avec les intéressés eux-mêmes, pour éviter les pièges du travail prescrit, une étude sur l'activité réelle et sur tout ce que l'acte de travail mobilise ou devrait mobiliser comme connaissances, savoir-faire... Cette analyse de la situation de travail, et non du poste de travail, vise à mettre à jour le système psycho et socio-technique (relations, communication, management, organisation, univers technique et scientifique...) dans lequel s'inscrit l'activité. Une fois l'analyse conduite, il ne reste plus qu'à repérer les micro-activités les plus "pédagogisables" et/ou celles qui apparaissent essentielles dans la conduite du procès et à faire le diagnostic de ce qui est déjà acquis et de ce qui reste à acquérir par l'opérateur. L'utilisation des situations de travail comme situations d'apprentissage favorise une relative individualisation, car elle s'ancre sur ce que l'apprenant met en oeuvre et maîtrise empiriquement ou non. A partir des questions que suscite l'activité elle-même, des acquis ou des écarts à combler, soit pour mieux tenir le poste de travail ou accéder à un nouveau, soit pour intégrer une nouvelle procédure, une nouvelle organisation, une nouvelle technologie, etc., il est possible de construire des parcours pédagogiques gouvernés par l'action et les besoins des apprenants. De ces parcours s'élaborent des progressions qui permettent de consolider les savoirs, éventuellement de les rationaliser, et d'engager le développement et l'acquisition de connaissances.

La mise en oeuvre d'une telle méthode est complexe et exige du formateur une bonne connaissance, et une réelle reconnaissance, du monde professionnel ; de grandes capacités à un travail collectif où se confrontent et s'affrontent des acteurs aux points de vue contradictoires, autant que pour mener une analyse du travail qui se conduit généralement en équipe pluridisciplinaire ; une compétence forte à résoudre des problèmes et à imaginer des solutions pédagogiques inscrites dans l'action. De plus, elle nécessite un environnement favorable et ouvert à cette pratique : environnement souvent idéalisé, toujours convoité, rarement trouvé.

L'avantage d'une telle méthode est de se situer au coeur des préoccupations professionnelles des apprenants, de s'appuyer sur leurs expériences et leurs acquis, d'être très largement déscolarisée. La relative rareté des organisations qualifiantes est sans doute un obstacle à sa réelle mise en oeuvre, mais ce sont surtout sa grande complexité et sa polarisation quasi exclusive sur l'activité "travail" qui en constituent, quelquefois, le plus grand inconvénient.