Les réseaux d'échanges de savoirs

Nous terminerons cette rapide présentation par une démarche déjà ancienne, puisqu'elle s'apparente à des pratiques d'enseignement mutuel et solidaire, mais récemment réapparue dans les milieux de l'éducation des adultes. Ce qui caractérise le mieux les réseaux d'échanges, à notre sens, c'est que, tout d'abord, ils se déroulent en dehors, sauf exception, de tout rapport marchand, en dehors de toute logique économique et qu'ils mobilisent aussi bien les savoirs formels et institués que les savoirs informels et expérientiels. Ensuite, c'est qu'ils affirment que tout est savoir et que tout est bon à faire savoir, que tout individu est en capacité de recevoir et de transmettre des connaissances, de les échanger sans leur affecter de système de valeur (on peut échanger de la physique des solides contre du jardinage) autre que celui de l'échange. Enfin, que tout lieu est potentiellement un lieu pédagogique d'échange. Les réseaux n'ont donc pas besoin de locaux éducatifs et ils ne nécessitent pas l'entretien d'un corps de professionnels de l'éducation des adultes.

Le principe des réseaux est l'auto-organisation des échanges de savoirs. Ils reposent le plus souvent sur de petites équipes autonomes de bénévoles et sur une association qui les fédère. Le fonctionnement en est simple, il est organisé autour de la gestion des offres et des demandes de savoirs formulés par ses adhérents. Le facilitateur pour ainsi dire disparaît ou du moins n'intervient plus dans l'acte pédagogique ou peut-être apparaît-il vraiment. Son rôle se limite, en effet, à mettre en relation offreurs et demandeurs, en bref, à faire fonctionner le réseau. Deux questions se posent cependant, jusqu'où peut-on apprendre dans ce système et comment faire reconnaître socialement les savoirs acquis dans l'échange ?

L'inconvénient principal de cette méthode réside surtout dans la difficulté à apprécier la qualité de la relation pédagogique et des savoirs transmis. N'est-on pas trop souvent dans la reproduction de modèles hérités de scolarités anciennes ? Les avantages de ces "Bourses du savoir" sont nombreux : leurs structures sont extrêmement légères, elles sont autonomes, donc ne dépendent d'aucune institution, elles renforcent le lien social et la solidarité, elles s'inscrivent dans une dynamique retrouvée de l'éducation permanente.