Définition et enjeux

En préalable, rappelons ce que nous entendons par formation multimédia. Il s'agit de l'utilisation conjointe de supports et de ressources pédagogiques requérant l'emploi de nouvelles technologies permettant la transmission et le traitement d'une information à base de textes, d'images, de sons... Les formations multimédias se déroulent, soit sur un mode présentiel, soit dans le cadre d'un enseignement à distance (EAD). Il va de soi que, selon la situation et le contexte pédagogique de leur utilisation, les NTE auront des effets différents sur les apprenants et leurs apprentissages. Rappelons enfin que, malgré le développement de ces outils et de ces pratiques, nous n'en sommes qu'aux balbutiements. En conséquence, tout ce qui se dit et s'écrit aujourd'hui devra, nécessairement, être repensé demain.

Les ressources éducatives mises à la disposition des apprenants et des formateurs grâce au multimédia sont, surtout depuis Internet, infinies. Face à leur puissance informative, de nombreuses questions se posent. En quoi le multimédia favorise-t-il les apprentissages, quelle plus-value pédagogique en attendre ? Est-il une source d'information ou de formation ? Comment transformer cette information disponible en connaissances et en savoirs mobilisables et transférables dans l'activité sociale et/ou professionnelle ? Loin de prétendre répondre à toutes ces questions, nous essaierons néanmoins, dans cet article, de soulever quelques points qui nous paraissent dignes d'attention.

La première question à se poser lorsqu’on souhaite utiliser les nouvelles technologies éducatives est la question du pourquoi ?

Qu'attend-on d'un tel raffinement pédagogique : un accès au savoir facilité pour les apprenants, une valorisation des formateurs, un effet vitrine pour l'organisme dispensateur de formation, un coup de marketing politique au profit d'un élu ? On le voit, un tel choix n'est ni neutre, ni dépourvu de conséquence. Nous ferons l'hypothèse qu'il ne s'agit que de faciliter l'accès au savoir. En ce cas, le multimédia apparaît bien comme une ressource pédagogique supplémentaire qui enrichit de manière considérable la boîte à outils du formateur et les voies d'apprentissage des apprenants. Encore faut-il en user sans en abuser et se préoccuper des effets de son introduction sur la pratique du formateur, la relation pédagogique, la dynamique du groupe, le rapport au savoir des formés... Il convient donc, avant de s'engager dans l'usage des NTE, de s'assurer de l'intérêt d'un tel choix pour l'ensemble des acteurs impliqués par une telle décision. Ces technologies jouent, en effet, sur les capacités d'apprentissage autant que sur la qualification des formateurs. Elles sont un flux nouveau d'informations dans le système qui entraînera des perturbations et de nécessaires rééquilibrages.

L'immense apport du multimédia, au-delà des savoirs infinis qu'il met à disposition, pour lors que l'on puisse s'en saisir, est une grande souplesse et une grande flexibilité pédagogique. Il permet de gérer le temps et le lieu des apprentissages en fonction des impératifs des apprenants, des organisations ou des situations pédagogiques. Les ressources pédagogiques ne sont plus tributaires du bon vouloir du formateur, de l'Etat ou de l'employeur, elles sont là, toujours disponibles, à toute heure et en tout lieu. Il ouvre sans conteste les portes de la liberté pour apprendre. Mais prenons garde aussi aux usages pervers d'une telle possibilité qui ferait de l'apprenant le seul responsable de ses apprentissages et qui dédouanerait la société de son devoir d'éducation. Le risque est réel et il conviendra d'être vigilant, d'autant que nous ne sommes pas certains que tous et toutes puissent accéder à ces nouveaux réseaux de connaissances et qu'un tel postulat renforcerait encore l'inégalité criante des chances.