Les années 95

Les années qui nous séparent de la fin du siècle apporteront aussi leur lot de transformations, tant des politiques de formation que des pratiques et des compétences mobilisées.

Dans l'immédiat, la loi quinquennale (1993), dans laquelle l'insertion précède la qualification et une régionalisation accrue de la formation vont très sensiblement influer sur les politiques publiques de formation.

De leur côté, le capital-formation dont on débat déjà et la chaîne de télévision éducative apporteront à notre paysage professionnel des dimensions inattendues et des espaces vierges à conquérir.

Difficile d'imaginer ce qu'impliquerait une réelle sortie de crise, articulée sur une relance forte des économies occidentales. Quel besoin de main-d'oeuvre, avec quelle qualification, pour quel développement ? Quels nouveaux moyens donner à la formation, pour quel objectif, avec quels opérateurs ?

S'il n'est pas possible de faire des prévisions dans ce domaine, nous pouvons affirmer que deux phénomènes exerceront une influence déterminante sur la définition des politiques de formation à venir et sur l'évolution des métiers. D'une part, le développement des technologies éducatives, la structuration du marché et la réduction des coûts de production entraîneront des infléchissement sensibles de la pratique des formateurs et des organismes de formation, des évolutions considérables des compétences requises aujourd'hui. D'autre part, la poursuite de la réflexion et la construction d'organisations qualifiantes auront pour conséquence de nous amener à repenser la formation comme un élément constitutif de l'acte de travail.

Dans les entreprises formatrices et productrices de compétences, le temps de la formation et le temps de la production ne seront sans doute plus aussi distincts qu'aujourd'hui. L'élaboration des politiques de formation et le travail du formateur en seront, on peut le penser, profondément affectés. De nouvelles pratiques d'interface entre l'acte pédagogique et la production se dessinent déjà.

De manière générale, les organisations seront de plus en plus exigeantes, les politiques de formation de plus en plus adaptées, les moyens de mieux en mieux gérés, ce qui demandera aux formateurs d'accroître encore leurs compétences en matière d'expertise et leur capacité à conduire la complexité. Expertise en matière d'analyse des environnements et des systèmes de travail, d'audit et d'évaluation, de détermination des capacités d'apprentissages et des parcours de formation, d'utilisation combinée des ressources pédagogiques. Cette évolution de l'environnement professionnel renforcera l'activité de conseil, tant en matière de politique de formation que de pédagogie, et donnera une importance accrue à la recherche et au développement.

Ce panorama a permis de repérer le lien étroit qui unit métier de formateur et politique de formation et de démontrer que les pratiques de la formation sont contingentes et non pas autonomes, le plus souvent surdéterminées par l'environnement. Toute nouvelle politique impose aux métiers de formateurs la construction de compétences nouvelles, de profils adaptés, rarement l'inverse.